Elon Musk évoque la mise en place d’un “petit paiement mensuel” pour utiliser X (ex-Twitter)

“Un petit paiement mensuel” pour utiliser le réseau social X (ex-Twitter) ? L’énième suggestion de son propriétaire Elon Musk lundi, destinée à réduire le nombre de robots sur la plateforme, paraît logique d’un point de vue économique, mais pourrait aussi “décimer” sa base d’utilisateurs, selon des experts.

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Elon Musk, PDG de Tesla Motors, X (ex-Twitter), SpaceX, Neuralink, et cofondateur d'OpenAI. Crédit: AFP

Lors d’un entretien avec Elon Musk lundi, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a soulevé la question de l’antisémitisme en ligne et la façon dont X pourrait “empêcher l’utilisation de robots — des armées de robots — pour le reproduire et l’amplifier”.

Les robots — des comptes gérés par des programmes informatiques plutôt que par des humains — sont courants sur X, où ils peuvent être utilisés pour amplifier artificiellement des messages politiques ou attiser les flammes de la haine raciale.

Musk a alors répondu que l’entreprise “s’orientait vers un petit paiement mensuel pour l’utilisation du système X”.

“C’est le seul moyen auquel je puisse penser pour combattre de vastes armées de robots”, a-t-il déclaré. “Parce qu’un robot coûte une fraction d’un centime — appelez-le un dixième de centime — mais si quelqu’un doit payer ne serait-ce que quelques dollars, un montant mineur, le coût effectif des robots est très élevé.”

Une piste qui a fait bondir les utilisateurs du réseau social, qui compterait désormais “550 millions d’utilisateurs mensuels” selon Musk. En mai 2022, Twitter avait indiqué avoir environ 230 millions d’utilisateurs actifs au quotidien.

“S’il le fait vraiment, cela va tuer le site. Peu importe le coût. La plupart des gens ne paieront pas (…) Cela tuera le site et les revenus publicitaires d’un seul coup. C’est incroyable”, a par exemple réagi sur le réseau social Ed Zitron, patron d’une entreprise de relations médias et chroniqueur pour le média Business Insider.

Le magnat de la Tech a apporté de nombreux changements depuis qu’il a repris le réseau pour 44 milliards de dollars en octobre de l’année dernière, alors qu’il était connu sous le nom de Twitter.

Il a licencié des milliers d’employés, introduit une option payante, supprimé la modération du contenu et rétabli des comptes anciennement interdits, notamment celui de l’ex-président américain Donald Trump. En juillet, il a déclaré que la plateforme avait perdu environ la moitié de ses revenus publicitaires.

La mise en place du service premium “Blue”, un abonnement entre 8 et 11 dollars par mois pour jouir de certains privilèges — comme avoir la coche bleue pour certifier son profil, voir moins de publicités, publier des tweets et vidéos plus longs, annuler ou modifier un tweet, etc. —, n’a pas eu non plus le succès escompté.

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D’après les données de Travis Brown, un développeur informatique spécialisé dans les réseaux sociaux, moins de 5 % des 407.000 comptes qui avaient l’ancien badge bleu gratuit se sont abonnés.

“Du point de vue du modèle économique, on pourrait dire que c’est une bonne option pour Twitter” de faire payer ses utilisateurs, car l’entreprise “n’a jamais réussi à mettre en place un système de publicité performant par rapport à d’autres plateformes sociales comme Meta”, souligne auprès de l’AFP James Cooper, directeur de l’agence Business of Apps.

“Toutefois, la valeur de Twitter réside dans l’effet de réseau lié à l’existence d’une large base d’utilisateurs. Une tarification universelle du service décimerait la base d’utilisateurs et détruirait donc la valeur du réseau”, prévient-il.

“À ce stade, la meilleure solution serait d’augmenter la valeur de ses services d’abonnement payants, en améliorant son offre publicitaire et en envisageant de nouvelles sources de revenus comme les transactions, plutôt que d’obliger tout le monde à payer pour le service actuel”, a-t-il encore ajouté.

La conversation entre Musk et Netanyahu, qui a été diffusée sur X, a eu lieu alors que le patron du groupe automobile Tesla Motors est embourbé dans une dispute avec l’Anti-Defamation League (ADL), une organisation juive basée aux États-Unis.

Musk a accusé l’ADL d’avoir lancé des accusations infondées d’antisémitisme qui ont effrayé les annonceurs et nui aux revenus de son entreprise, et a menacé de la poursuivre en justice pour des milliards de dollars.

(avec AFP)