Aide internationale : ces secouristes étrangers qui sauvent des vies marocaines

Arrivés au Maroc près de 48 heures après le séisme du Haouz, des dizaines de secouristes étrangers sont à pied d’œuvre, travaillant main dans la main avec leurs homologues marocains. Leur modus operandi, basé sur la complémentarité, explique pourquoi le Royaume a décidé de ne pas accepter les aides internationales tous azimuts.

Par

Pour tous ceux qui passent par la région du Haouz et veulent se rendre dans les zones sinistrées par le tremblement de terre du 8 septembre, Amizmiz est un passage obligé. Nichée à plus de 1000 mètres d’altitude, la ville a elle aussi été durement touchée par le séisme. Les fissures sur les façades d’immeubles, mais aussi les différents campements qui jalonnent la ville en témoignent.

Amizmiz est aussi — depuis quelques jours — le camp de base de plusieurs équipes de secouristes étrangers, venues apporter leur aide aux services civils marocains. TelQuel est allé à leur rencontre.

C’est à l’entrée de la ville que les secouristes étrangers ont établi leur camp. Mais avant de poser leurs affaires à Amizmiz, ces secouristes venus d’Espagne, du Royaume-Uni et du Qatar ont commencé par signaler leur présence au ministère de l’Intérieur. Arrivés à l’aéroport de Marrakech, ils ont dû se signaler auprès d’un bureau dédié. En coordination avec les autorités locales, il a ensuite été décidé de les assigner à la ville d’Amizmiz. Mais une fois arrivés sur place, pas question d’entrer tout de suite en action.

“Chacun connaît sa place”

En effet, les secouristes étrangers doivent d’abord se signaler auprès des représentants locaux de la protection civile, auxquels il revient d’assigner des missions à ces professionnels du secours. Une tâche relativement aisée, en raison d’une méthodologie commune. “Nous avons tous bénéficié de la même formation en gestion de crise dispensée par les Nations unies. Nous avons les mêmes méthodes, ce qui facilite à la fois la communication, mais aussi le travail sur le terrain. Nous nous occupons de la logistique et des tâches à assigner tandis que l’armée nous accompagne en vue de nous allouer le maximum de moyens possibles”, nous explique un élément de la Protection civile ayant requis l’anonymat.

“Nous nous occupons de la logistique et des tâches à assigner tandis que l’armée nous accompagne en vue de nous allouer le maximum de moyens possibles”

Un élément de la Protection civile

Et la coopération se déroule sous les meilleurs auspices, de l’avis même des secouristes étrangers. “Nous venons en soutien des forces déployées sur place. D’un point de vue tactique, les services de protection civile et l’armée marocaine ont été absolument fantastiques dans la gestion de cette crise. Ils ont répondu à toutes nos demandes. Il n’y a qu’à voir les routes, où la situation s’est considérablement améliorée ces deux derniers jours”, nous confie, ce mardi 12 septembre, Steve Willitt, chef d’équipe au sein de UK-ISAR (International Search and Rescue Team, équipe de sauvetage et de recherche internationale).

Arrivée de l’équipe de secours britannique à Marrakech, dimanche 10 septembre.Crédit: MAP

Même constat du côté de la protection civile espagnole. “La collaboration est excellente. Chacun connaît sa place et nous allons tous dans le même sens pour nos missions”, nous confirme un secouriste ibère.

Embouteillages aux sommets

Les deux équipes sont à Amizmiz depuis dimanche. Le lendemain, Espagnols et Britanniques ont mené leurs premières opérations de fouille. Les deux équipes sont spécialisées dans la recherche de potentielles victimes sous les décombres grâce notamment à des chiens sauveteurs.

Les Espagnols, tout comme les Britanniques, se scindent en petites équipes qui font parfois plus de 10 heures de route pour rejoindre des douars enclavés et secourir de potentielles victimes. Un modus operandi qui peut s’expliquer par le désir d’éviter de surcharger les routes de la région.

L’espace de quelques heures, les montagnes du Haut Atlas ont eu des airs de Casablanca, au grand dam des ambulanciers auxquels il a fallu près de six heures pour rallier Asni

Il n’y a qu’à penser à la journée du 12 septembre pour s’en rendre compte. Ce jour-là, des milliers de Marocains venus des quatre coins du pays se sont rendus près de l’épicentre pour venir livrer en main propre les aides destinées aux victimes du séisme. Résultat : la route de montagne reliant Talat N’Yaâkoub à Asni, où se trouve l’hôpital militaire où sont soignés les victimes du séisme, était complètement bouchée.

L’espace de quelques heures, les montagnes du Haut Atlas ont eu des airs de Casablanca, au grand dam des ambulanciers auxquels il a fallu près de six heures pour rallier Asni lorsque le trajet depuis Marrakech nécessite autour d’une heure et demie en temps normal.

Des sauveteurs espagnols en voyage pour le Maroc, mardi 12 septembre.Crédit: Ministerio del Interior / X

Cette situation pourrait également expliquer pourquoi le Maroc a décidé de limiter l’afflux de secouristes et d’approuver la venue de sauveteurs dont les compétences répondent aux besoins actuels des régions touchées par le tremblement de terre.

Pour l’heure, les secouristes étrangers ne sont parvenus à secourir que quelques rares victimes, à l’image du fqih du village d’Imi N’Tala, repéré par un chien de sauvetage espagnol et dont les cris ont pu être entendus grâce à un appareil très sophistiqué des services de secours qataris, comme l’ont rapporté nos confrères de H24info. Un sauvetage qui justifie à lui tout seul le recours à des spécialistes étrangers.

à lire aussi