Dépourvu de majorité absolue à l’Assemblée nationale depuis sa réélection en 2022, le président Macron espère trouver des terrains d’entente pour bâtir de futurs textes législatifs ou d’éventuels référendums, sur des thèmes-clés mais clivants comme l’immigration, l’ordre ou le travail.
“C’est l’occasion d’avoir une discussion franche avec lui”, a estimé le président du parti d’extrême droite le Rassemblement national, Jordan Bardella, à son arrivée vers 13 h GMT à la rencontre, organisée à Saint-Denis, ville populaire de la banlieue nord de Paris.
Il a toutefois assuré qu’il ne servirait pas “de béquille au chef de l’État”, mais qu’il se ferait “l’écho de millions de Français qui souhaitent qu’une autre politique soit menée”, notamment sur la sécurité et le pouvoir d’achat.
“Nous ne sommes pas dupes de l’opération de communication que le président de la République met en place”, a dénoncé pour sa part le patron du Parti socialiste Olivier Faure en arrivant avec ses homologues de la Nupes, l’alliance de gauche formée à l’occasion des élections législatives de 2022.
La Nupes va présenter une quinzaine de propositions communes, “sans illusion mais avec détermination”, a dit pour sa part le coordinateur de La France insoumise (gauche radicale), Manuel Bompard.
La dirigeante du parti écologiste EELV, Marine Tondelier, a elle déploré des conditions d’organisation floues et l’absence des thématiques environnementales dans la lettre d’invitation d’Emmanuel Macron.
La réunion devait se tenir à huis clos, sans aucun collaborateur des invités, eux-mêmes appelés à laisser leur téléphone portable à l’entrée. La presse est cantonnée à l’extérieur.
Les participants sont invités à deux tables rondes sur la situation internationale et les réformes institutionnelles, suivies d’un “dîner de travail” autour de toutes les questions posées par les émeutes urbaines qui ont secoué le pays fin juin-début juillet — école, autorité, intégration, inégalités —, a indiqué la présidence.
Tous les chefs des partis représentés au Parlement ont accepté l’invitation, mais avec méfiance du côté de l’opposition, qui soupçonne Emmanuel Macron de chercher avant tout à relancer un quinquennat à la peine.
L’exercice du pouvoir se révèle souvent acrobatique pour le gouvernement de la Première ministre Élisabeth Borne, en place depuis mai 2022, chaque texte controversé étant confronté à un risque de motion de censure au Parlement. Le gouvernement a été contraint au printemps d’utiliser une disposition particulière de la Constitution, l’article 49-3, pour faire adopter sans vote sa réforme des retraites.
“Le président veut voir les désaccords et, s’ils sont insurmontables, voir sur quels sujets les Français peuvent trancher” par référendum, explique un responsable du camp présidentiel.
Le parti présidentiel, Renaissance, va plaider pour un référendum sur trois à cinq questions, notamment la réforme des institutions. “C’est une façon, si les gens votent oui, de se relégitimer”, pointe un responsable macroniste.