Sarkozy, véritable amoureux du Maroc. Dès les premières évocations du pays, le livre met en lumière un Maroc dynamique, incarné par “ses entrepreneurs, ses intellectuels, ses artistes, et ses élites”, qui n’ont, selon Sarkozy, “rien à envier” à leurs homologues français.
Difficile d’évoquer le Maroc sans citer le roi Mohammed VI, que Sarkozy a fréquenté lors de son mandat et qui occupe une place centrale dans cet éloge. L’ex-président français rappelle toutefois le scepticisme qui a entouré l’approche de son intronisation dans les années 1980, des propos qui “paraissent bien dérisoires quand on mesure le chemin qu’il a fait parcourir à son pays”, affirme-t-il, avant de saluer avec ferveur le parcours du souverain qu’il dépeint comme un homme “de large culture et d’une finesse intellectuelle éblouissante”.
“Combien de fois ai-je été impressionné par sa capacité à anticiper les événements et à garder le cap de sa vision pour le royaume ?”
Pour Sarkozy, Mohammed VI n’est pas un simple monarque, mais un visionnaire. “Combien de fois ai-je été impressionné par sa capacité à anticiper les événements et à garder le cap de sa vision pour le royaume ?” s’interroge l’ancien président français, à la limite de l’admiration face à l’attitude d’un roi qui a su développer le pays tout en restant fidèle à ses valeurs fondamentales.
“Le roi Mohammed VI restera dans l’histoire comme l’un des plus grands souverains marocains. Son héritage sera même plus fécond que celui de son père”, avance alors l’homme d’État français, pour qui la France ne mesure “pas assez” la chance que le Maroc a “d’avoir un roi comme Mohammed VI”, vu comme “un rempart contre le fanatisme et les extrémistes (…), sincèrement engagé dans le combat pour le développement d’une réelle vie démocratique dans son pays”.
Mohammed VI, rempart aux “Frères musulmans”
Abordant la vie politique du Maroc et la réussite de Mohammed VI face aux turbulences provoquées au Maghreb à la suite des printemps arabes, Sarkozy revient notamment, dans ce même ouvrage, sur la “victoire” du roi face au PJD qu’il appelle “Frères musulmans” au fil de son récit.
Celui qui saluait, plus tôt, le côté visionnaire du monarque, détaille dans ce passage dédié à la vie politique du Maroc, le modus operandi mûrement réfléchi qui a permis à Mohammed VI de mettre à mal l’opposition, sans pour autant lui permettre de se victimiser. “Sa vision de la question des Frères musulmans était audacieuse et prémonitoire”, décrit Nicolas Sarkozy.
Est ensuite présentée une phrase que l’ancien président français attribue au roi Mohammed VI : “S’ils gagnent les élections législatives, je nommerai l’un des leurs Premier ministre. Il vaut mieux qu’ils soient confrontés aux réalités du pouvoir plutôt que d’en faire des martyrs en les mettant en prison.”
“Incrédule” au départ face à l’assurance et au plan pour le moins inattendu qu’avance le roi, c’est exactement à cela que va assister Nicolas Sarkozy. “Lorsque les Frères musulmans gagnèrent les élections législatives quelques mois plus tard, le roi, comme il s’y était engagé, nomma leur leader chef du gouvernement”, raconte l’ex-président français avant de poursuivre : “Comme il me l’avait confié, ‘une fois confrontés au chômage, à la hausse du prix des matières premières, à la difficulté de se loger… ils auront du mal à garder le soutien de leurs bases populaires’. Il avait vu juste.”
Un ensemble de paris gagnés et de justesses politiques du roi, à qui le Maroc doit sa stature d’“îlot de stabilité démocratique au sein d’un monde musulman traversé de multiples crises et divisions”, selon l’ancien locataire de l’Élysée.