Pour Guterres, la promesse d’un développement durable d’ici 2030 est en péril

Le secrétaire général des Nations unies, António Guterres, a souligné ce lundi à New York que la promesse de réaliser le développement durable d’ici 2030 était en péril, relevant qu’à mi-chemin de la date butoir, le monde est “terriblement mal parti”.

Par

Le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, le 10 décembre 2018 à Marrakech. Crédit: Fethi Belaid / AFP

Intervenant à l’ouverture d’un Forum politique de haut niveau pour le développement durable organisé par le Conseil économique et social des Nations unies (17-20 juillet), Guterres a rappelé qu’en 2015, les États se sont engagés à l’unanimité en faveur du Programme de développement durable à l’horizon 2030 – un plan d’action pour aider la marche du monde vers la paix, la prospérité et la dignité pour tous.

“Aujourd’hui, cette promesse est en péril”, a-t-il mis en garde, en indiquant que l’édition spéciale du rapport sur l’état d’avancement de la réalisation des Objectifs de développement durable (ODD) dresse un tableau très sombre. Pour le chef de l’ONU, ce rapport montre la faiblesse et l’insuffisance des progrès réalisés pour une bonne moitié des cibles de développement durable, alors que près d’un tiers de ces cibles sont au point mort ou enregistrent une régression.

“Les émissions continuent d’augmenter, les inégalités béantes persistent et la faim a atteint à nouveau les niveaux de 2005”, a-t-il noté lors de ce Forum, en estimant qu’au rythme actuel, il faudra encore 300 ans pour parvenir à l’égalité des genres, tandis que près de 600 millions de personnes seront encore enlisées dans l’extrême pauvreté en 2030.

“Il y va de notre intérêt à tous de choisir une voie différente”

Pointant du doigt la pandémie de Covid-19, une crise climatique en pleine expansion, des conflits généralisés et la crise entre l’Ukraine et la Russie qui ont entravé des progrès fragiles et limités, le secrétaire général de l’ONU a également fustigé un manque d’ambition, de sentiment d’urgence et de solidarité.

Il a par ailleurs relevé que le déficit annuel de financement des Objectifs de développement durable est désormais estimé à 4,2 trillions de dollars contre 2,5 trillions avant la pandémie, en déplorant que les promesses faites en matière d’aide internationale au développement et de financement de l’action climatique ne sont pas tenues.

“Les gouvernements croulent sous les dettes, les pays en développement devant faire face à des coûts d’emprunt très élevés”, a-t-il encore déploré, soulignant qu’à la lumière de cet état des lieux, le monde réclame une action politique de haut niveau visant à faire des objectifs de développement durable une réalité, pour tous, partout.

“Sans cela, la promesse de 2030 risque de nous échapper, ce qui sèmera la désillusion, la méfiance et le ressentiment, mettra en danger la planète, trahira les femmes et les filles, et privera d’avenir et d’espoir des millions de personnes”, a prévenu le chef de l’ONU, ajoutant que dans un monde “dangereux et divisé, aucun pays ne peut se permettre un tel résultat”. “Il y va de notre intérêt à tous de choisir une voie différente”, a-t-il préconisé.

à lire aussi

Pour sortir de l’impasse, le haut responsable onusien a appelé à une coordination des actions pour mettre les objectifs de développement durable sur la voie, en tirant le meilleur parti du bilan du Sommet sur les systèmes alimentaires, du Sommet sur l’ambition climatique, des trois réunions sur la santé, de la réunion préparatoire du Sommet de l’avenir, du G20, des réunions annuelles des institutions de Bretton Woods, de la COP28 et du Sommet sur les objectifs de développement durable.

Il a dans ce cadre exhorté chaque gouvernement à se rendre au Sommet sur les objectifs de développement durable prévu en septembre prochain à New York, muni d’engagements et de plans clairs, pour renforcer l’action dans leur pays d’ici à 2030.

“Il nous faut des promesses et des interventions nationales ambitieuses pour réduire la pauvreté et les inégalités d’ici à 2027 et 2030”, a-t-il insisté, en mettant l’accent sur des politiques, des plans d’investissements et des partenariats clairs, pour faire progresser les transitions majeures liées aux objectifs de développement durable.

Guterres a, en outre, indiqué que le Sommet sur les objectifs de développement durable doit également inciter la société civile, les entreprises et d’autres acteurs à mettre tout leur poids dans la balance pour faire avancer les objectifs et renforcer ainsi la mobilisation afin d’obtenir des résultats concrets.