Transition énergétique : l’AIE alerte sur l’approvisionnement en minerais et métaux

L’approvisionnement en métaux et minerais nécessaires à la transition énergétique, dont la demande explose, demeure un “défi” avec de nombreuses incertitudes, met en garde l’Agence internationale de l’énergie (AIE), qui appelle à redoubler d’efforts pour sécuriser les approvisionnements.

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Un ouvrier assemble une batterie de voiture électrique à l'intérieur du magasin de batteries de l'usine d'automobiles électriques de VinFast à Haiphong au Vietnam, le 7 avril 2022. Crédit: Nhac Nguyen / AFP

Compte tenu d’une flambée de la demande, le marché global de ces minerais indispensables à la production de batteries, d’éoliennes et autres panneaux solaires a atteint en 2022 quelque 320 milliards de dollars, selon l’AIE. De 2017 à 2022, il a doublé de volume : la demande de lithium a triplé, celle de cobalt a progressé de 70%, celle de nickel de 40%…

Cette croissance au galop devrait se poursuivre, “mais une combinaison de mouvements de prix volatils, de goulots d’étranglement de la chaîne d’approvisionnement et d’inquiétudes géopolitiques” compromet une transition énergétique sûre et rapide, met en garde l’AIE dans un premier rapport annuel publié mardi.

Les prix de la plupart de ces matières premières, après avoir flambé en 2021 et début 2022 sous l’effet de la reprise post-Covid puis de la guerre en Ukraine, ont connu une accalmie depuis le second semestre 2022 mais ils demeurent largement supérieurs à leurs niveaux habituels.

“De nombreux défis demeurent”, souligne le directeur de l’AIE, Fatih Birol, pour qui il faut faire “beaucoup plus” pour s’assurer une chaîne d’approvisionnement “sécurisée et durable”.

L’Agence évoque le “risque de retards” dans les nouveaux projets de production et les “lacunes” technologiques, qui ne laissent pas de répit dans les efforts à déployer pour développer l’offre. Dans tous les cas, il faudra “davantage de projets” d’ici 2030, pour limiter le réchauffement mondial à 1,5°C par rapport aux niveaux pré-industriels, objectif de l’accord de Paris.

Lors d’une conférence de presse de présentation du rapport, Fatih Birol a évoqué mardi la “question des permis”, parmi les facteurs susceptibles de retarder des projets d’extraction et de production de minerais.

Au Chili, pays qui abrite les plus grandes mines de cuivre au monde, les délais pour exploiter de nouveaux gisements auraient doublé, compte tenu des réglementations environnementales, selon un bon connaisseur du secteur : “Entre la décision d’ouverture et les premières extractions, c’est 15 ans”, a-t-il déclaré récemment, lors d’un colloque à Paris.

L’AIE alerte aussi sur l’insuffisante diversité de l’offre, notamment pour le raffinage où la concentration est plus forte que jamais: l’agence basée à Paris rappelle que la Chine représente la moitié des projets d’usines de lithium, tandis que l’Indonésie concentre près de 90% des usines de raffinage de nickel en projet.

Le constat est également mitigé sur les progrès en termes de durabilité et de conditions de travail des projets miniers.

Certains groupes ont mis en oeuvre des actions pour améliorer leurs pratiques, notamment sociétales, mais les indicateurs environnementaux “ne s’améliorent pas au même rythme”, juge le rapport, pour qui la responsabilité en incombe en partie aux clients finaux, souvent peu regardants sur les pratiques de leurs fournisseurs.

Afin de se pencher sur toutes ces questions, l’AIE a annoncé la tenue d’un sommet regroupant tous les acteurs le 28 septembre à Paris.

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