C’est la question à laquelle s’est intéressée Sogécapital Gestion dans une étude publiée en mai. Dans cette étude, le société de gestion d’actifs s’est attelée à la quantification de l’enveloppe budgétaire que devra mobiliser le Maroc à l’aube d’une organisation marquée par la nécessité d’une modernisation et d’une hausse des attentes (en termes de budget) suite à l’édition organisée au Qatar en 2022.
Concernant les avantages de cette organisation, Sogécapital identifie 4 retombées clés allant de la visibilité internationale pour le Maroc à l’héritage sportif que cet événement engendrerait, en passant par les stimuli non négligeables des points de vues économiques et diplomatiques.
De fait, au delà de la mise en avant de la destination Maroc et de ses avantages, l’organisation de la compétition et les différents investissements qu’elle pourrait engendrer notamment pour les stades et les infrastructures devraient générer de nombreux nouveaux emplois et stimuler l’économie nationale. D’un point de vue diplomatique, une telle organisation donnerait lieu, selon la même source, à une cohésion sociale et à une unité nationale plus fortes. La mise en place d’infrastructures répondant aux normes de la Fifa laisseraient également un héritage conséquent pour les « athlètes du pays mais aussi pour la population en général ».
Quelles nouveautés en termes d’organisation ?
Marquée par une volonté de réformer les procédures d’organisation de la compétition, les coupes du monde organisées à partir de 2026 devraient connaître de nombreuses nouveautés dont les maîtres mots sont : transparence, participation, droits de l’Homme, développement durable et objectivité.
Du point de vue sportif, les coupes du monde de 2026 et de 2030 devraient connaître la participation de 48 équipes réparties dans 12 groupes, 106 matchs contre 64 lors de la dernière édition, la nécessité d’avoir 16 stades pour accueillir la compétition qui se déroulera sur une période de 57 jours, dont 39 journées de compétition.
Etat des lieux et chances de la candidature commune
En ce qui concerne les attentes relatives à l’organisation de la compétition, les demandes de la FIFA sont claires :
- Au moins 12 stades de 40 000 places, un stade avec un minimum de 60 000 places pour accueillir un des quarts de finales ainsi qu’un stade avec un minimum de 80 000 places pour un match de demi ou pour une finale.
- La présence d’aéroports pouvant accueillir près de 1 450 passagers par heure, une proximité entre aéroports et stades, ainsi que des infrastructures routières et moyens de transports capables d’absorber le flux touristique lors de la compétition.
- 72 camps de base destinés aux équipes et arbitres (hôtels et centres d’entraînement) ainsi qu’une capacité hôtelière capable d’assurer entre 1 700 et 8 000 chambres d’hôtel pour les spectateurs.
En 2018, le Maroc répondait déjà à nombre de ces attentes, et les projets de stades – classiques ou modulaires – et de modernisation des infrastructures, déjà lancés à l’époque, ne faisaient que confirmer le positionnement du Maroc en bon candidat potentiel pour ladite candidature.
Ainsi, le dossier ibéro-marocain présente plusieurs points forts, dont la proximité géographique et les similitudes en termes de fuseau horaire, l’expertise de l’Espagne et le fait que les trois pays représentent tous des destinations touristiques, bien dotés en termes de capacité hôtelière et hospitalière.
La candidature comporte cependant de nombreuses zones de risques, notamment la perte de voix de « certains pays arabes et européens », mais aussi la candidature du quatuor Argentine, Paraguay, Uruguay et Chili, qui coïncide avec la célébration des 100 ans de la Coupe du monde en Uruguay (première coupe du monde de la FIFA).
Candidats, mais à quel prix ?
Tenant compte de la moyenne du coût d’organisation d’une coupe du monde, et des prévisions de la société de gestion d’actifs, les premières hypothèses de Sogécapital Gestion mise sur un investissement dont le montant est compris entre 15 et 20 milliards de dollars pour le trio Maroc-Espagne-Portugal.
Dans ce budget, la part du Maroc devrait se situer aux alentours de 5 à 6 milliards de dollars (soit entre 50 et 60 milliards de dirhams).
Concernant les stades, Sogécapital Gestion table sur un investissement de 15 milliards de dirhams dont 6 pour le grand stade de Casablanca, 6 milliards pour les stades modulaires de Rabat et de Marrakech et 3 milliards pour la rénovation des stades de Marrakech, de Rabat et de Tanger.
L’étude prévoir également un investissement total de 8 milliards de dirhams pour les centres d’entraînement, de 17 milliards de dirhams pour les transports et les infrastructures et de 10 milliards de dirhams en coûts d’organisation.
Selon les estimations présentées par la même étude, le financement devrait se départager comme tel : 23 milliards couverts par le budget de l’Etat, 17 milliards par les entreprises publiques, notamment en termes de projets d’infrastructure et 10 milliards de prêts concessionnels et de dons et aides d’autres pays.
Vers des retombées intéressantes
Du point de vue des retombées, ces dernières devraient surtout être intéressantes pour les secteurs des banques du tourisme et du BTP dont les différents projets devraient accroître le carnet de commandes des sociétés cotées en bourse, notamment Aluminium du Maroc, TGCC et Jetcontractors.
Le secteur bancaire devrait en profiter à travers la hausse de l’encours des financements bancaires dédiés aux projets d’infrastructure (construction des hôtels et autres), ainsi que l’augmentation de l’utilisation des services bancaires, dont les opérations de change, les retraits et les paiements électroniques.
En ce qui concerne le tourisme, les gains seraient surtout engrangés par le flux de touristes significatif pour l’année de l’organisation de la compétition et les années qui suivront ainsi qu’une amélioration de l’offre hôtelière nationale pour atteindre les objectifs du secteur touristique à moyen et long terme.