En séchant au bas de l’accord, l’encre a en même temps dissipé les illusions sur les véritables intentions de sa signature. Le 13 mai dernier, le président de la Confédération africaine de football (CAF), Patrice Motsepe, et le président de la Fédération saoudienne de football (SAFF), Yasser Al Misehal, annonçaient la signature d’un accord historique de coopération et de développement d’une durée de cinq ans. Le but de cet accord : développer le football en Afrique.
L’Arabie saoudite a déjà signé des accords similaires avec d’autres pays, notamment la Chine, l’Inde, le Koweït, la Côte d’Ivoire et la Croatie. Mais pourquoi signe-t-elle, à tour de bras, des accords sur tous les continents ? La réponse se résume en un aphorisme : un calcul rondement mené par le prince héritier Mohammed Ben Salmane (MBS) pour couronner sa Vision 2030.
L’ambition d’un homme à l’horizon 2030
En 2030, l’Arabie Saoudite devrait présenter son nouveau visage au monde : les résultats de son ambitieuse Vision 2030 qui modernisera le pays sur les plans économique et sociétal. Élaboré sous la plume de cabinets de conseil américains comme McKinsey et BCG, ce plan de développement du royaume des Al Saoud est pensé depuis 2007 par MBS.
L’ambition (démesurée ?) du dirigeant de facto du pays est de sortir la pétromonarchie de la rente pétrolière en diversifiant l’économie saoudienne dans la finance, l’immobilier, les énergies renouvelables, le tourisme et même l’archéologie. Pour atteindre ses objectifs, l’Arabie saoudite utilise la diplomatie sportive en accueillant des événements sportifs internationaux et en investissant massivement dans les infrastructures sportives. Par exemple, elle a accueilli les finales des Supercoupes d’Italie et d’Espagne et prévoit d’organiser les Jeux asiatiques d’hiver en 2029.
En s’associant avec la CAF, l’Arabie saoudite pourrait donc espérer obtenir le soutien des fédérations africaines de football pour sa candidature à la Coupe du Monde 2030. La triple candidature Maroc-Espagne-Portugal fait donc face à un redoutable adversaire. Quels sont les atouts et les arguments de MBS ? Ne reste-t-il au Maroc qu’à baisser les bras ? Les réponses ici.