Après un réquisitoire sans concession, le procureur genevois Adrian Holloway a fait valoir devant le tribunal correctionnel à Genève l’ancienneté des faits, mais assuré qu’“aucun doute suffisant ne vient renvoyer la version constante, crédible et cohérente” de la plaignante. Âgé de 60 ans, l’islamologue suisse, figure charismatique et contestée de l’islam européen, nie tout en bloc.
La plaignante, qui a choisi le pseudonyme de “Brigitte” pour se protéger des menaces, assure que l’islamologue l’a soumise à des actes sexuels brutaux accompagnés de coups et d’insultes, la nuit du 28 octobre 2008.
Elle avait une quarantaine d’années au moment des faits et a porté plainte 10 ans plus tard, en 2018, encouragée, a-t-elle expliqué, par le fait que des femmes aient également porté plainte en France contre Tariq Ramadan. C’est la première fois qu’il est jugé pour viol, mais il est menacé d’un procès en France pour des faits similaires.
Le procès à Genève, démarré lundi, s’est déroulé dans une ambiance extrêmement tendue. Le jugement est attendu le 24 mai. Les parties pourront faire appel.
Tariq Ramadan assure que c’est la plaignante qui s’est invitée dans sa chambre d’hôtel. Il dit s’être laissé embrasser, avant de mettre fin à l’échange après quelques minutes. Selon l’acte d’accusation cependant, il s’est rendu coupable de “viol à trois reprises” dans la même nuit et de “contrainte sexuelle”.
“Elle a bien dit la vérité”, a assuré mercredi l’avocat principal de la plaignante, Robert Assaël, pendant sa plaidoirie. “Est-ce que l’on peut inventer pareille histoire avec autant de détails ?”
La plaidoirie de la défense doit avoir lieu mercredi après-midi.
Docteur de l’université de Genève, où il a écrit une thèse sur le fondateur de la confrérie égyptienne islamiste des Frères musulmans qui était son grand-père, Tariq Ramadan a été professeur d’études islamiques contemporaines à l’université d’Oxford, au Royaume-Uni, et invité de nombreuses universités au Maroc, en Malaisie, au Japon ou au Qatar.
En France, il est soupçonné de viols commis entre 2009 et 2016 sur quatre femmes, une affaire qui a déclenché sa chute en 2017. Le parquet de Paris a requis en juillet son renvoi devant une cour d’assises et il appartient aux juges d’instruction d’ordonner un procès ou pas.