Liberté de la presse : l'ANME dénonce le dernier rapport de Reporters sans frontières qu'elle taxe de “fallacieux”

Au lendemain de la publication du classement annuel évaluant la liberté de la presse dans près de 180 pays par Reporters sans frontières (RSF), l'Association nationale des médias et des éditeurs (ANME) s'insurge et réagit dans une lettre rendue publique ce jeudi 4 mai. Une position partagée par le gouvernement qui a également critiqué RSF.

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Driss Chahtane, également directeur de l'hebdomadaire Al Michaâl, est derrière l'empire ChoufTV et à la tête de l'Association nationale des médias et des éditeurs (ANME). Crédit: DR

Le classement du Maroc, dépeint comme un pays où la situation est difficile pour les métiers de la presse, n’a pas manqué de faire réagir l’ANME, qualifiant ledit classement de rapport « fallacieux ».

Dans cette lettre, l’Association accuse RSF de s’appuyer sur « la désinformation » et « la calomnie », dans le but « d’induire en erreur l’opinion publique mondiale ». Ainsi, l’ANME condamne également les méthodes, pointant notamment du doigt l’utilisation de données tendancieuses, et le choix de certains experts dont les jugements de valeurs seraient toujours « les mêmes ». 

Pour l’ANME, RSF s’attaquerait chaque année à quelques pays ou entités, afin de les « intimider », en ayant recours à des termes dits « fallacieux », dont « la liberté d’expression, l’arrestation arbitraire »… Une démarche, ainsi qu’un classement que l’ANME voit comme un moyen — pour l’ONG — de retarder les voies de développement et d’indépendance souveraine des pays de la région MENA, dont le Maroc, qui occupe la 144ème position du classement.

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Dans cette même lettre, l’association rappelle que « le statut de RSF » ne lui permet pas de noter la situation de la presse et la liberté de cette dernière, « en raison de son implication au service de certains agendas étrangers », tout en dénonçant une « absence d’objectivité et de crédibilité », « plaçant cette organisation en position d’absence d’intégrité intellectuelle », notamment en raison de l’absence de changements au niveau des experts et juristes leurs servant de source d’informations.

De plus, l’ANME pointe du doigt l’implication « intolérable » de RSF dans « les affaires intérieures de l’État et dans l’indépendance de ses institutions, par la remise en cause continue des organes judiciaires, comprenant des juges, des avocats, et des observateurs de la société civile et les droits de l’homme ». 

Enfin, l’Association accuse RSF d’occulter les réalisations qui reflètent le réel développement que le Maroc a connu durant ces dernières années, tant des points de vues constitutionnels et politiques, que du point de vue du soutien apporté aux conditions professionnelles des journalistes, citant la subvention sociale à titre d’exemple.

Une posture partagée par l’Exécutif en témoigne la sortie du porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, lors du point de presse qui suit le Conseil du gouvernement. « Cette organisation est devenue au service de plusieurs agendas qui n’ont, malheureusement, aucun rapport avec le secteur de la presse dans notre pays », a souligné Mustapha Baitas lors d’un point de presse à l’issue du conseil du gouvernement, en réaction à des questions de journalistes sur le contenu du dernier rapport de RSF.

Le ministre a également précisé que le gouvernement marocain accepte à cœur ouvert toutes les critiques à condition qu’elles soient objectives et constructives.