Dans un communiqué adressé au chef du gouvernement, le collectif des Associations des producteurs et des producteurs exportateurs de fruits et légumes exprime des inquiétudes sérieuses concernant le devenir de leur “écosystème”.
Ils dénoncent, à travers l’exemple de la crise de la tomate, le dysfonctionnement structurel dont semble souffrir le tandem historique que les professionnels forment avec l’administration.
Ce qui a changé
Dans un premier temps, le collectif revient sur les éléments conjoncturels qui ont pu participer à l’aggravation de la situation. Ils évoquent ainsi la sécheresse, qui s’est accentuée, l’augmentation des coûts de production ou l’inflation galopante.
La question des charges est également mise en lumière : celles-ci continuent d’augmenter et pèsent sur les professionnels du secteur. La TVA, par exemple, qui est généralisée à toutes les composantes de la production, n’est pas suffisamment “répercutée sur les producteurs”.
Cela se conjugue avec des niveaux de rendement plus bas, liés à des “nouveaux fléaux menaçant l’état phytosanitaire” des cultures et des insectes et pathogènes ayant développé une résistance importante aux produits phytopharmaceutiques.
Enfin, la régression des superficies dédiées à la tomate a également joué un rôle dans la dégradation de la situation. En cause, la perte du marché russe qui a privé le marché intérieur d’un volume de 120.000 tonnes et l’augmentation “substantielle” du coût de revient de la tomate qui a largement diminué la rentabilité de ce segment de production.
À qui la faute ?
Dans la suite du communiqué, le collectif des Associations des producteurs et des producteurs exportateurs de fruits et légumes démontre en quoi l’engagement de la responsabilité des producteurs dans la crise de la tomate et des dysfonctionnements du secteur agricole ne peut être que limité.
Le producteur marocain est aujourd’hui confronté à une hausse du coût des engrais qui ont augmenté de 100 à 400 %, à des aléas climatiques déréglant tous ses cycles de production, ainsi qu’à une TVA qu’il ne récupère pas.
Le collectif revient également sur l’adoption du salaire minimum légal (SMIG) au lieu du salaire minimum agricole garanti (SMAG) et donc de la méconnaissance des spécificités du travail dans le secteur agricole. Le code du travail agricole est également qualifié de “non adapté” et le collectif ajoute que le producteur est “le seul sur la chaîne de valeur qui prend tous les risques”.
Enfin, le collectif s’interroge rhétoriquement : “Quelle est la responsabilité du producteur quand il livre son produit à perte au marché local, et que ce même produit génère 3 à 4 fois la valeur de cession au profit d’intermédiaires avant d’arriver au consommateur ?”
Point mort
Le nœud du problème, désigné sans ambiguïté par le collectif, serait en fait l’approche “inadaptée” et “unilatérale” que l’administration a employée pour gérer cette situation de crise.
Les professionnels dénoncent l’inactivité de l’administration et leur manque cruel d’écoute à leur égard. Les professionnels seraient “marginalisés” au sein des commissions et les décisions prises par les membres de l’administration seraient donc à la fois contraires aux orientations du ministre, contraires aux intérêts des producteurs et enfin contraires à l’efficacité économique.
C’est donc l’ensemble du modèle de gestion qui est à revoir, celui-là même qui n’a pas “pris en considération la mesure du risque et les conséquences négatives des décisions imposées au secteur”.