Affaire Pegasus : la CNDP auditionne un spécialiste et invite le laboratoire canadien Citizen Lab

Dans le cadre des auditions menées par la Commission nationale de contrôle de protection des données à caractère personnel (CNDP), concernant les allégations techniques formulées par Citizen Lab, Amnesty International et Forbidden Stories, la CNDP va auditionner ce vendredi un spécialiste international en intelligence stratégique, axée sur l’impact des ingérences cyber-malveillantes, liées aux actions intrusives.

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Le Maroc est soupçonné d’être un client du groupe israélien NSO, développeur du logiciel espion Pegasus, et à présent de Quadream. Crédit: DR

Cette audition portera sur le thème des règles déontologiques relatives aux problématiques de l’attribution (activité permettant d’attribuer les responsabilités après observations de traces techniques)”, précise jeudi la CNDP dans un communiqué, sans toutefois donner l’identité du spécialiste auditionné.

En juillet 2021, un consortium médiatique, en collaboration avec l’ONG Amnesty International et Citizen Lab, avait accusé le Maroc d’avoir utilisé le logiciel espion Pegasus — conçu et commercialisé par l’entreprise israélienne NSO Group — contre des journalistes et militants marocains, ainsi que des responsables politiques étrangers.

Continuant d’avancer sur l’étude des documents fournis par Amnesty International, la CNDP a également adressé une invitation, pour audition, au laboratoire canadien Citizen Lab, précisant qu’elle “demeure ouverte à la tenue de réunions de travail avec d’autres entités s’intéressant au sujet”.

La Commission rappelle, dans ce sens, que les premières auditions tenues avec des experts nationaux et internationaux “ont permis de constater l’importance du travail sur le volet technique en vue de comprendre les différents mécanismes, selon une approche dépassionnée, impartiale et loin de tout a priori”, relevant que “cette dynamique commence à donner ses fruits, et ses premiers résultats seront portés au public dès leur finalisation”.

Fin février, la CNDP avait invité au Maroc Jonathan Scott, auteur du rapport “Exonerating Morocco – disproving the Spyware”, publié le 18 février. Le doctorant en informatique, spécialiste de l’espionnage numérique, réfute les allégations proférées à l’égard du Maroc et dénonce l’absence de preuves techniques permettant de les justifier. Il affirme également que Citizen Lab, Amnesty International et Forbidden Stories auraient élaboré des “faux positifs” en falsifiant de manière volontaire les résultats de leurs enquêtes.

Les premières auditions tenues avec des experts nationaux et internationaux ont permis également de relever l’importance de la mise en place, comme annoncé à Tanger le 25 février dernier, d’un réseau international pour définir les réglementations pour un usage éthique des technologies, souligne la CNDP.

La CNDP continue, en vue de préparer ses conclusions, d’échanger avec des experts nationaux et internationaux et d’étudier différents rapports et témoignages, selon les normes scientifiques, techniques et déontologiques d’usage, conclut le communiqué.

(avec MAP)