Tunisie : tollé suite à la dissolution des Conseils municipaux

Suite à la publication de la décision de dissolution des Conseils municipaux au journal officiel, le gouverneur de Tunis, Kamel Feki, s’est dépêché d’annoncer “la protection des bureaux” avec “l’interdiction de sortir tout document” jusqu’à la passation des pouvoirs aux délégations spéciales.

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Le président tunisien, Kaïs Saïed. Crédit: AFP

Le gouverneur a appelé les forces de l’ordre à assurer la protection des locaux de toutes atteintes ainsi que la protection de toute agression des maires et des membres des Conseils municipaux.

Un grand flou persiste et les réactions de circonspection jusqu’ici enregistrées restent timides, en attendant la passation de la gestion des communes des élus à des délégations spéciales désignées. Cette décision est loin de faire l’unanimité. Des critiques fusent sur la Toile, considérant qu’il n’est pas possible de dissoudre des structures élues démocratiquement pour les remplacer par d’autres désignées de manière unilatérale.

Certaines réactions s’apostrophent sur le paradoxe dans lequel le pays est en train de verser et sur la perception de la question de légitimité. Certains signalent que le président Saïed était lui-même élu par les mêmes électeurs ayant participé aux législatives de 2019 et aux municipales de 2018. Dire que les instances qui en sont issues sont illégitimes remet en cause la légitimité de tout le processus électoral également.

“Violation flagrante des lois et des réglementations en vigueur”

Le parti Ennahdha a condamné la dissolution des Conseils municipaux, avant terme, assurant que cette décision a été prise pour détourner l’attention des Tunisiens des vrais problèmes.

Le Front de Salut national a estimé pour sa part que la dissolution des Conseils municipaux est une nouvelle étape dans la série de mesures de coup d’État qui “ont établi la mainmise du chef de l’État sur toutes les autorités, en violation flagrante des lois et des réglementations en vigueur”.

Face à ces développements dangereux, le Front de Salut national réaffirme qu’il ne reconnaît pas et ne reconnaîtra pas “l’assemblée parlementaire défigurée issue de la constitution d’un coup d’État illégitime et d’élections boycottées par la majorité écrasante”.

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Le président de la Fédération nationale des municipalités, Adnane Bouassida, a rappelé que la Fédération a toujours appelé à tenir les élections municipales dans les délais. Il a estimé que cette décision était attendue. Il s’est interrogé néanmoins sur la manière avec laquelle les mairies seront dirigées ainsi que les stratégies et les programmes économiques qui seront élaborés. “Les personnes qui seront nommées pour diriger les délégations spéciales ont-elles des programmes ? Le Code des collectivités locales sera-t-il supprimé ?”, s’interroge-t-il.

Cette décision, notent de nombreux observateurs, met en exergue la volonté du président Saïed, qui s’est octroyé tous les pouvoirs le 25 juillet 2021 en limogeant son Premier ministre et gelant le Parlement, dissous par la suite, d’aller jusqu’au bout de son projet de la gouvernance par la base.

(avec MAP)