Le résultat du vote des députés, sans appel (2952 votes pour, zéro contre, zéro abstention), a été accueilli par un tonnerre d’applaudissements des parlementaires réunis à Pékin, dans l’immense Palais du peuple bordant la place Tiananmen.
Le Parlement étant, dans la pratique, inféodé au Parti communiste (PCC) au pouvoir, l’issue du scrutin ne faisait aucun doute.
Le dirigeant chinois le plus puissant depuis des décennies
Âgé de 69 ans, Xi Jinping avait déjà obtenu en octobre une prolongation de cinq ans au sommet du PCC et de la commission militaire du Parti, les deux postes de pouvoir les plus importants en Chine.
“Il a vraiment une vision pour la Chine, il veut que la Chine devienne le pays le plus puissant du monde”
Seul candidat, Xi Jinping a été reconduit pour la même durée comme chef de l’État. “Je jure d’être (…) loyal à la patrie et au peuple (…) et de travailler dur à l’édification d’un grand pays socialiste moderne qui soit prospère, fort, démocratique, plus civilisé et harmonieux”, a promis Xi Jinping, poing droit levé et main gauche sur le document.
Le président russe Vladimir Poutine, dont le pays est un proche partenaire économique et diplomatique de la Chine, a rapidement adressé à Xi Jinping ses “sincères félicitations”. “La Russie apprécie grandement votre contribution personnelle au renforcement des relations (…) entre nos pays”, a indiqué Vladimir Poutine dans un message publié par le Kremlin.
La réélection vendredi de Xi Jinping couronne une ascension politique remarquable durant laquelle il est passé de responsable politique peu connu du grand public à dirigeant chinois le plus puissant depuis des décennies.
Auteur d’une biographie sur le président chinois, l’écrivain et journaliste suisse Adrian Geiges estime toutefois que l’enrichissement personnel n’est pas sa motivation première. “Il a vraiment une vision pour la Chine, il veut que la Chine devienne le pays le plus puissant du monde”, déclare-t-il.
De nombreux défis à relever
Pendant des décennies, la République populaire de Chine, échaudée par le chaos politique et le culte de la personnalité durant le règne (1949-1976) de son dirigeant et fondateur Mao Tsé-toung, avait promu une gouvernance plus collégiale au sommet du pouvoir.
En vertu de ce modèle, les prédécesseurs de Xi Jinping, à savoir Jiang Zemin puis Hu Jintao, avaient chacun cédé leur place de président après dix années à ce poste. Mais Xi Jinping a mis fin à cette règle en faisant abolir en 2018 dans la Constitution la limite de deux mandats présidentiels, tout en laissant se développer autour de lui un quasi-culte de la personnalité.
Xi Jinping devient donc le dirigeant suprême à rester le plus longtemps au pouvoir dans l’histoire récente de la Chine. Septuagénaire à l’issue de ce nouveau mandat, il pourrait même potentiellement prolonger pour un nouveau quinquennat si aucun dauphin crédible ne s’affirme dans l’intervalle.
Mais ses défis restent nombreux à la tête de la deuxième économie mondiale, entre le ralentissement de la croissance, la chute de la natalité ou encore l’image internationale de la Chine qui s’est fortement dégradée ces dernières années. En effet, les relations avec les États-Unis sont, elles, au plus bas, les contentieux étant nombreux, de Taïwan au traitement des musulmans ouïghours, en passant par la rivalité dans les technologies.
Le Parlement a également procédé vendredi à des élections formelles pour d’autres postes institutionnels. Jusqu’ici vice-Premier ministre, Han Zheng (68 ans) a été élu vice-président en remplacement de Wang Qishan (74 ans). La présidence du comité permanent du Parlement revient à Zhao Leji.
(avec AFP)