En Iran, les filles ciblées par une série d’empoisonnements

Des centaines d’étudiantes ont été hospitalisées ce mercredi après avoir été empoisonnées dans 13 écoles en Iran, au milieu d’une vague d’empoisonnements dans des centres éducatifs pour femmes du pays persan, indique l’agence de presse espagnole (EFE).

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Des écolières iraniennes assistent à une session au parlement à Téhéran le 3 février 2013. Crédit: Atta Kenare / AFP

Les étudiantes intoxiquées ont été hospitalisées après avoir souffert d’irritations oculaires, de vertiges et de maux de tête dans huit collèges et instituts de la ville d’Ardebil, trois écoles à Téhéran, une à Parand et une autre à Kermanshah, a rapporté le quotidien réformateur Shargh.

30 autres cas d’empoisonnement au gaz

Ces nouveaux cas s’ajoutent aux au moins 30 empoisonnements au gaz enregistrés dans les centres éducatifs féminins depuis novembre dans le pays persan.

Les étudiants ont senti un gaz similaire à d’autres écoles qui ont souffert d’empoisonnement”, a déclaré le président de l’Université des sciences médicales d’Ardebil, Ali Mohammadian Erdi, à Shargh.

À l’instar des affaires précédentes, ils ont affirmé avoir perçu une odeur entre un mélange d’orange pourrie et de produits d’entretien. À Téhéran, il y a eu mercredi trois cas d’empoisonnement dans des écoles de filles dans lesquelles les élèves ont souffert de symptômes similaires aux cas précédents, qui ont entraîné des hospitalisations.

Malaise et inquiétude des parents

Le mécontentement des parents ne cesse de croître à cause de l’inefficacité apparente des autorités, qui ne parviennent pas à enrayer ces attaques qui semblent destinées à paralyser l’éducation des élèves.

Ainsi, plusieurs dizaines de parents ont crié aujourd’hui “mort au gouvernement qui assassine des enfants” devant l’école Yarjani à Téhéran, qui a connu un empoisonnement, selon des vidéos partagées sur les réseaux par le collectif 1500tasvir.

Aux portes d’autres écoles de Téhéran, des parents inquiets se sont disputés avec le personnel de l’école, selon des vidéos de 1500tasvir.

Aucun indice sur ce qui s’est passé

Pendant ce temps, les forces de sécurité continuent de ne trouver aucun indice et doutent qu’il s’agisse d’attaques délibérées ou de simples accidents. “De grands efforts sont déployés pour identifier l’origine des empoisonnements des étudiants”, a déclaré le chef de la police du pays, Ahmad Reza Radan, aux médias iraniens. “Personne n’a été arrêté jusqu’à présent et nous préférons ne pas juger s’il s’agit d’une affaire délibérée”, a-t-il ajouté.

La position du chef de la police se heurte à celle d’autres hauts responsables du pays, comme le vice-ministre de l’Éducation, Younes Panahi, qui a déclaré qu’il s’agissait d’“attaques intentionnelles” pour fermer des écoles de filles.

Le premier cas d’empoisonnement a été enregistré fin novembre dans la ville sainte de Qom, ville qui a subi le plus grand nombre de cas, et ces dernières semaines ils se sont multipliés dans plusieurs villes du pays.

La vague d’empoisonnements dans les écoles de filles survient dans un moment de grande tension en Iran, qui a été secoué ces derniers mois par des protestations contre la mort de la jeune Mahsa Amini, après avoir été arrêtée pour ne pas avoir porté correctement le voile islamique. Ces manifestations ont eu une forte composante féministe, de nombreux Iraniens retirant leur foulard, voire le brûlant.

Les protestations, cependant, ont considérablement perdu de leur force après les exécutions de quatre manifestants et ces dernières semaines, il n’y a pratiquement pas eu de mobilisations dans les rues d’Iran.