De l’engouement à la stupéfaction. Des supporters marocains ayant fait le déplacement à Doha se retrouvent désormais sans tickets d’entrée au stade, normalement promis à l’acquisition du billet d’avion. La torpeur collective s’est ressentie hier déjà, veille de match.
Le Comité de Sécurité qatari a publié une mise en demeure sur sa page Twitter, juste après le coup de sifflet de la première demi-finale Argentine-Croatie (3-0). Sans les nommer, l’organe en charge de la sécurité du Mondial avise les supporters de tout bord que ses agents “ne permettront à personne d’autre que les détenteurs de billets d’être présents à proximité des stades, pour éviter tout risque d’entassement des supporters disposant de billets, et ainsi courir le risque de retarder leur entrée”. Un avertissement publié vers 22 heures, heure marocaine, c’est-à-dire après la fin du match Argentine-Croatie.
تنويه من قوة أمن البطولة فيما يتعلق بإجراءات دخول الجمهور إلى ملاعب البطولة.#كأس_العالم_2022 #قطر2022 pic.twitter.com/MvqTyY4Av7
— Security Committee – اللجنة الأمنية (@SeCommittee2022) December 13, 2022
Où sont les billets ?
Cette publication du Comité de Sécurité fait suite à un scandale : un nombre pas encore identifié de supporters marocains ont atterri à Doha hier sans avoir les billets qui devaient leur être distribués par la Fédération royale marocaine de football (FRMF).
Les Forces de l’ordre qataries rappellent dans ce cadre que “les billets de match expirent une fois qu’ils sont passés par les dispositifs de numérisation qui permettent à leurs détenteurs d’entrer dans le stade”, appelant le public de tout bord à “respecter les règles directrices établies pour assurer la sûreté et la sécurité des participants aux matchs restants du tournoi”.
En ce qui concerne les supporters des Lions de l’Atlas, la méthode adoptée par la FRMF pour distribuer les billets n’a visiblement pas atteint son but. Le responsable de la fédération chargé de distribuer les billets a pour mission de délivrer le précieux sésame aux nouveaux arrivants marocains détenteurs de la carte “Hayya” à l’aéroport international Hamad. Le responsable en question serait également vice-président de la Chambre des représentants et ex-président d’un club marocain de football.
Les premières tensions ont eu lieu hier soir, mardi 13 décembre, lorsque deux avions en provenance du royaume sont arrivés à l’aéroport de Doha. Ayant reçu des instructions strictes, les autorités qataries n’ont pas autorisé ces passagers à entrer sur leurs terres. Motif : les nouveaux arrivants n’avaient pas de billets. Tentant de résoudre verbalement le problème avec les agents de contrôle, le responsable en question “provoqua l’effet inverse”, selon une source bien informée jointe par TelQuel. Résultat : les autorités qataries ont décidé d’annuler les vols provenant de l’aéroport Mohammed V de Casablanca.
La RAM prête à rembourser
“Suite aux dernières restrictions imposées par les autorités qataries, Royal Air Maroc a le regret d’informer les clients de l’annulation de leurs vols opérés par Qatar Airways”, indique un communiqué publié en urgence ce mercredi 14 décembre par la compagnie nationale, qui précise que les vols annulés sont les suivants : AT9703/QR3003, AT9717/QR3007, AT9715/QR3015, AT9747/QR3067, AT9739/QR3069, AT9743/QR3093, AT9749/QR3099.
La RAM y annonce qu’elle procédera au remboursement, “dans les plus brefs délais”, des billets d’avion des passagers impactés par ces annulations, invitant les clients concernés à ne pas se présenter à l’aéroport.
Selon une source proche du dossier interrogée par TelQuel, “il est fort probable que ces restrictions unilatérales soient dues au déficit de tickets pour regarder le match”. La même source précise que les autorités qataries auraient également demandé à certains voyageurs de présenter leur ticket avant d’autoriser le déplacement.
Pourtant, un supporter présent à Doha nous raconte qu’il a pu voyager ce mardi 13 décembre sans présenter de ticket pour le terrain. Et il explique, comme ont pu en témoigner plusieurs supporters sur les réseaux sociaux, que des échauffourées entre certains groupes et les autorités locales auraient conduit le ministère de l’Intérieur qatari à imposer ces restrictions aériennes.