Pour réussir les efforts d’adaptation et faire face aux effets néfastes du réchauffement climatique, notamment la sécheresse et les inondations, les spécialistes estiment que le continent a plus que jamais besoin chaque année de près de 280 milliards de dollars de financement climatique.
Or l’Afrique n’a reçu que 30 milliards de dollars de financements climatiques en 2020, dont 50 % alloués à 10 pays, selon un rapport publié par la Climate Policy Initiative, un groupe de recherche basé à San Francisco aux États-Unis. Sur ce montant, 49 % étaient destinés à l’atténuation du changement climatique, soit 14,6 milliards de dollars et 39 % à l’adaptation (11,4 milliards de dollars), sachant que le secteur privé n’a contribué qu’à hauteur de 14 %.
Au niveau mondial, seuls 16 % des 3800 milliards de dollars requis chaque année d’ici 2025 pour l’atténuation et l’adaptation au changement climatique ont été déployés, un déficit qui était au centre des discussions lors de la Journée des finances à la COP27.
Ces financements climatiques devraient permettre aux pays africains de mettre en œuvre leurs contributions déterminées au niveau national (CDN). Mais comme l’indique le rapport, cet écart de financement est susceptible d’être encore plus grand, car les pays sous-estiment souvent leurs objectifs de financement climatique, en particulier pour l’adaptation, en raison de problèmes de données et de méthodologie dans l’établissement du coût de leurs CDN.
Crédit carbone et gestion des ressources
Face au manque de financement climatique, certains scientifiques et professionnels de l’environnement prônent l’utilisation de crédit carbone, une solution mise en place pour aider les pays engagés dans le protocole de Kyoto à tenir leurs promesses.
Le rôle de ce nouveau système de crédit est d’orienter les entreprises vers la lutte contre le réchauffement climatique. D’une certaine manière, les crédits carbone pourraient combler une partie du déficit de financement climatique du secteur privé.
Ainsi, avec cette solution proposée, chaque entreprise se voit attribuer un nombre de crédits carbone qui lui sont propres et correspondent à ce qu’elle peut émettre en termes de CO2. Si l’entreprise, ayant réduit ses émissions, dispose d’un surplus de crédits, elle peut les revendre sur le marché du carbone. Concrètement, un crédit carbone est une unité correspondant à l’émission d’une tonne de CO2. Ainsi, une tonne de carbone non émise équivaut à un crédit carbone. Ce marché se développe lentement mais sûrement dans les pays en développement, notamment en Afrique.
Selon la Banque mondiale, plus des deux tiers des pays prévoient d’utiliser les marchés du carbone pour respecter leurs engagements au titre de l’Accord de Paris, à savoir les contributions déterminées au niveau national.
Mais malgré le problème de financement, d’aucuns soutiennent que les pays africains doivent nécessairement repenser leurs stratégies d’atténuation et d’adaptation au changement climatique, surtout face à la sécheresse et aux inondations qui frappent plusieurs régions du continent. Les experts plaident donc pour le renforcement des capacités d’adaptation par la gestion intégrée des ressources en eau, une nécessité absolue dans les pays touchés par la sécheresse.
(avec MAP)