La mémoire humaine retient le fond plus que la forme, selon une étude

Des chercheurs scientifiques de l'université de Genève, en collaboration avec CY Cergy Paris Université, ont démontré que l'être humain, dans sa manière de mémoriser, est moins superficiel qu'on ne le pensait, et qu'il privilégie vraisemblablement la structure à la surface.

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Ce n’est que par ignorance que les indices superficiels prennent le dessus », souligne Emmanuel Sander, professeur à la Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation (FPSE) de l’Université de Genève (UNIGE).

La mémoire de l’Homme organise son vécu à partir de deux traits principaux : les traits de surface, qui regroupent les ressemblances superficielles des situations (les lieux, les personnes présentes…), et les traits de structure, ayant rapport à la profondeur de la situation et de sa problématique.

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On pensait jusqu’ici que les individus avaient tendance à privilégier les indices de surface lorsqu’ils traitaient une situation. « Cela est souvent attribué au fait que notre cerveau cherche la facilité lorsqu’il s’agit de l’évocation et qu’en général la surface d’un souvenir est corrélée à sa structure », explique Emmanuel Sander, cité par la revue spécialisée « Science du Monde ».

Les scientifiques affirment avoir initié ces nouvelles expériences partant du constat que les travaux antérieurs se fondaient sur des situations qui n’avaient pas en commun uniquement des traits de surface, mais également une part de la structure, d’autant que les participants n’avaient pas les connaissances nécessaires pour appréhender le fond des situations qui leur étaient présentées.

« Nous nous sommes demandé si les traits de surface dominaient réellement les traits de structure lorsqu’une situation en évoquait une autre », a indiqué Lucas Raynal, chercheur à CY Cergy Paris Université et membre associé à la FPSE de l’UNIGE.

Ces études « obligent donc à revoir l’idée reçue selon laquelle notre mémoire se laisse guider par le principe de facilité, et que les traits de surface dominent l’évocation », a-t-il dit.

A l’école, « le défi est réel », car les notions scolaires peuvent être opaques lors de l’entrée dans les apprentissages, et il y a aussi un risque que la surface soit privilégiée, relève néanmoins Evelyne Clément, professeure à CY Cergy Paris Université.

Cette recherche a donc un rôle fondamental pour l’éducation. « Il s’agit de rendre saillants les traits pertinents pour les élèves, c’est-à-dire les aspects conceptuels des notions enseignées, pour les amener à catégoriser les situations travaillées en classe en négligeant les aspects superficiels qui les induisent en erreur », ont conclu les chercheurs.

(avec MAP)