Éducation sexuelle, planification familiale : bientôt des formations pour préparer les jeunes au mariage

Une convention de partenariat tripartite portant sur l’habilitation des jeunes au mariage a été signée, lundi 17 octobre à Salé, entre l’Association marocaine de planification familiale (AMPF), l’Ordre national des adouls au Maroc et le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA).

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Un couple assis sur un mur à Rabat, devant l'océan, en 2012. Crédit: Fadel Senna/AFP

Objectif : renforcer la coopération entre les partenaires “afin de développer des programmes de formation et de sensibilisation, et de fournir des services de santé de qualité à travers le programme d’habilitation des jeunes au mariage visant à réduire les risques en matière de santé sexuelle et reproductive qui peuvent nuire à la santé et conduire à des problèmes familiaux”.

Pour le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, faire bénéficier les époux de “sessions d’habilitation qui les préparent à la vie conjugale, à l’éducation sexuelle, à la santé reproductive et à la planification familiale” contribuera à la stabilité de la société, a-t-il affirmé dans une allocution lue en son nom lors de la cérémonie de signature d’une convention de partenariat tripartite portant sur l’habilitation des jeunes au mariage, entre l’Association marocaine de planification familiale (AMPF), l’Ordre national des adouls au Maroc et le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA).

Renforcement des capacités des adouls

À travers cette convention, l’AMPF s’engage à renforcer les capacités des adouls en matière de santé sexuelle et reproductive (SSR), à former un groupe de formateurs dans ce domaine pour habiliter les jeunes au mariage, à renforcer la collaboration pour organiser des campagnes d’information et de sensibilisation dans les différents domaines des SSR, y compris la planification familiale en milieu rural.

L’association entend également “participer et organiser des conférences nationales et internationales avec les adouls dans les pays musulmans sur l’habilitation des jeunes musulmans au mariage, échanger les expériences et les bonnes pratiques pour atteindre des objectifs communs et mobiliser les ressources matérielles de l’UNFPA dans la concrétisation de ces actions”.

L’Ordre national et les conseils régionaux des adouls s’engage à faciliter l’accès des jeunes au livret de l’habilitation au mariage, à identifier les bénéficiaires des formations de renforcement des compétences en termes de santé reproductive, à faciliter l’organisation de campagnes d’information et de sensibilisation relatives aux SSR en milieu rural, y compris la planification familiale, mais aussi à former et sensibiliser les jeunes en âge de se marier sur ces thématiques.

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Cette convention vient “couronner un processus de collaboration qui a permis de renforcer les compétences des adouls en matière d’éducation à la santé sexuelle et reproductive”, a affirmé la présidente déléguée de l’AMPF, Latifa Jamai, dans une allocution à cette occasion, relevant que, compte tenu du rôle fondamental de la famille en tant que noyau de la société marocaine, cette convention permet également la mise en place d’un guide d’habilitation des jeunes au mariage, en fournissant des informations tant sur les volets juridiques, sociaux et moraux liés au mariage, qu’en matière de santé sexuelle et reproductive.

Pour sa part, le représentant de l’UNFPA au Maroc, Luis Mora, a mis en avant le rôle essentiel que jouent les adouls, notant que cette initiative traduit une ambition d’engager les adolescents, les jeunes et les hommes dans la défense des droits des femmes.

“Ainsi, ils pourront influencer leurs environnements pour prévenir la discrimination faite aux femmes, corriger les disparités de pouvoir entre les sexes et favoriser un environnement plus favorable à l’autonomisation de la femme”, a-t-il dit. Par ailleurs, il a précisé que “les jeunes étaient la cible principale de cette initiative, car plus réceptifs au changement”, affirmant que “les évidences ont démontré que lorsque les jeunes bénéficient d’une éducation suffisante, ils peuvent assurer la prospérité et remédier à la vulnérabilité sociétale”.

Une attention particulière au mariage des mineurs

La même allocution, lue en son nom, indique que Ouahbi accorde une attention particulière au mariage des jeunes n’ayant pas atteint l’âge légal, ajoutant qu’un ensemble de mesures et de procédures ont été prises pour la mise en œuvre de dispositions liées à ce type de mariages.

Les efforts engagés pour endiguer le mariage des mineurs, que ce soit par le ministère de la Justice, les autres départements ministériels ou les organisations de la société civile, ont eu des “résultats très positifs”, notant que les statistiques montrent une baisse nette du mariage des mineurs d’une année à l’autre par rapport au nombre total de mariages.

Le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi.Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Le ministre a par ailleurs indiqué que les actes de mariage de mineurs qui ont été au nombre de 26.298 en 2017, soit 9,9 % des mariages, ont connu une baisse en 2018 pour s’établir à 25.514. La baisse s’est accentuée au cours de l’année 2019 avec un total de 20.738 actes, a-t-il fait savoir, ajoutant que cette tendance à la baisse a été consacrée au cours de l’année 2020 qui a enregistré 12.600 actes, tandis que l’année 2021 a connu une courbe ascendante avec 19.369 actes, ce qui représente 7,2 % du total des mariages conclus.

Divorces à l’amiable : 77 % du nombre total de divorces

Les divorces Talaq et Tatliq ont également connu une légère baisse depuis l’entrée en vigueur de la Moudawana, passant de 26.914 divorces en 2004 à 20.372 en 2020, avant de repartir à la hausse en 2021 avec 26.257 actes, a précisé le ministre, ajoutant que les divorces à l’amiable représentent la plus grande part de divorces, passant de 1860 cas en 2004 à 20.655 en 2021, ce qui représente 77 % du nombre total de divorces.

Le ministre a souligné que les cas de Tatliq (divorce judiciaire, à l’initiative de la femme) ont connu une augmentation exponentielle d’une année à l’autre, passant de 7213 jugements en 2004 à 62.686 en 2021, ajoutant que le pourcentage de jugements de divorce pour discorde (Chikak) constitue 99 % du total des jugements de Tatliq rendus.

Selon Ouahbi, cette hausse est due à plusieurs facteurs liés notamment aux représentations sur le mariage, à la sous-estimation des répercussions du mariage précoce sur la santé physique et psychologique, et à l’absence de programmes d’habilitation des futurs mariés pour les sensibiliser à l’importance de l’institution du mariage et de la famille.

Par ailleurs, le ministre a estimé que la signature des conventions de partenariat sur l’habilitation des jeunes au mariage donnerait une forte impulsion à la coopération avec les parties concernées afin de faire bénéficier les futurs mariés de sessions d’habilitation les préparant à la vie conjugale.

(avec MAP)