Femme, vie, liberté », ont scandé à Téhéran des avocats à l’occasion de leur première participation au mouvement, avant de devoir s’extirper d’un nuage de gaz lacrymogène, d’après des images diffusées par l’organisation Iran Human Rights (IHR).
Ailleurs dans la capitale, des protestataires ont chanté “nous ne voulons pas des spectateurs, venez nous rejoindre”, à l’université Azad, selon d’autres images publiées sur Twitter par l’IHR.
دانشگاه تهران (در ورودی ۱۶ آذر)- مأموران یگان ویژه در حال تلاش برای ورود به دانشگاه و حمله به تجمع دانشجویان هستند؛ حراست برای متفرق کردنِ تجمع با نیروهای لباس شخصی همکاری میکند.
چهارشنبه ۲۰ مهر ماه#مهسا_امینی #IranRevolution #Oplran pic.twitter.com/3nmHj3NPCd— Iran Human Rights (IHR NGO) (@IHRights) October 12, 2022
Selon cette organisation basée en Norvège, au moins 108 personnes ont été tuées dans la répression des manifestations, les plus importantes depuis celles de 2019 contre la hausse du prix de l’essence.
Le mouvement ne s’essouffle pas
Le mouvement a été déclenché par la mort le 16 septembre de Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, décédée trois jours après son arrestation par la police des mœurs à Téhéran pour avoir, selon celle-ci, enfreint le code vestimentaire strict de la République islamique pour les femmes, prévoyant notamment le port du voile.
Malgré des centaines d’arrestations, de nouveaux rassemblements étaient organisés mercredi à travers le pays, notamment dans la province du Kurdistan (nord-ouest) dont la jeune femme était originaire et où la répression est particulièrement sévère, d’après des ONG qui ont accusé les autorités d’avoir bombardé certains quartiers d’habitation.
“Soyez la voix de Sanandaj”, peut-on lire sur un tract faisant référence à la capitale provinciale, distribué par des militants et diffusé sur les réseaux sociaux malgré les sévères restrictions d’accès à internet. “La communauté internationale doit empêcher d’autres meurtres au Kurdistan en apportant une réponse immédiate”, a lancé Mahmood Amiry-Moghaddam, le directeur de l’IHR, mettant en garde contre “une imminente répression dans le sang” dans cette province.
Les magasins étaient fermés mercredi à Sanandaj, tandis que des Iraniennes agitaient leurs voiles au-dessus de leurs têtes lors de rassemblements à Ispahan (centre), Chiraz (sud) et Mashhad (nord-ouest), selon d’autres images diffusées sur les réseaux sociaux.
Des centaines de morts
Selon l’IHR, 14 personnes ont été tuées au Kurdistan mais ce bilan n’inclut pas les victimes de la “répression sanglante” des trois derniers jours. Ailleurs, 11 personnes ont notamment été tuées dans la province de Téhéran et 28 dans celle de Mazandaran (nord), d’après cette source. Mercredi, l’Autorité judiciaire iranienne a indiqué avoir inculpé 125 personnes, arrêtées lors des “récentes émeutes”.
Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a de nouveau blâmé des “ennemis” d’être “impliqués dans les émeutes”. Le 3 octobre, il avait accusé les États-Unis et Israël, ennemis de Téhéran, d’avoir fomenté la contestation.
Selon des analystes, les manifestations s’avèrent particulièrement difficiles à gérer pour l’ayatollah Khamenei, 83 ans, en raison de leur durée et de leur nature multiforme, allant des manifestations aux actes de défi individuels.
Des écoliers ont rapidement rejoint le mouvement et l’Unicef s’est dite “très inquiète” des informations faisant état “d’enfants et d’adolescents tués, blessés et arrêtés”. Le ministre iranien de l’Éducation Youssef Nouri a démenti mercredi que des élèves aient été envoyés en prison. Au moins 28 enfants ont été tués dans la répression, “la plupart dans la province défavorisée du Sistan-Baloutchistan”, d’après la Société iranienne pour la protection des droits des enfants.
Les Iraniens sont également appelés à manifester mercredi “en solidarité avec le peuple héroïque de Zahedan”, capitale de la province du Sistan-Baloutchistan (sud-est) où les forces de sécurité ont tué au moins 93 autres personnes dans des violences déclenchées lors de manifestations pour protester contre le viol présumé d’une jeune fille par un policier, selon l’IHR.
Lundi, la contestation s’est étendue au secteur pétrolier, avec des grèves et des rassemblements dans l’usine pétrochimique d’Assalouyeh (sud-ouest), à Abadan (ouest) ou Bouchehr (sud), d’après l’IHR.
Les autorités ont affirmé que Mahsa Amini était décédée des suites d’une maladie et non de “coups”, d’après un rapport médical rejeté par son père.