Manifestations en Iran : le guide suprême accuse les États-Unis et Israël

Le guide suprême iranien, l’ayatollah Ali Khamenei, a accusé le 3 octobre les ennemis jurés que sont Israël et les États-Unis d’avoir fomenté le mouvement de contestation déclenché par la mort de Mahsa Amini à Téhéran, Joe Biden promettant de son côté de nouvelles sanctions.

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Le guide suprême de l'Iran, Ali Khamenei. Crédit: AFP

Je dis clairement que ces émeutes et l’insécurité sont l’œuvre des États-Unis, du régime sioniste usurpateur (Israël, ndlr), leurs mercenaires et certains Iraniens traîtres qui les ont aidés à l’étranger », a déclaré l’ayatollah Khamenei, 83 ans, dans sa première réaction aux manifestations.

Mahsa Amini, une Kurde iranienne de 22 ans, est décédée le 16 septembre, trois jours après son arrestation pour infraction au code vestimentaire strict de la République islamique qui oblige notamment les femmes à porter le voile. Sa mort a déclenché une vague de manifestations en Iran et des rassemblements de solidarité avec les femmes iraniennes à travers le monde.

Manifestations après la mort de Mahsa Amini, en septembre 2022.Crédit: AFP

“Femme, vie, liberté”

Ce mouvement de contestation, le plus important en Iran depuis celui de 2019 contre la hausse des prix de l’essence, est entré dans sa troisième semaine et la répression s’est accrue. De violents incidents se sont produits dans la nuit de dimanche à lundi à l’Université de technologie Sharif à Téhéran, la plus prestigieuse d’Iran.

La police anti-émeute a tiré des billes d’acier et des gaz lacrymogènes contre des étudiants qui scandaient “Femme, vie, liberté”, “les étudiants préfèrent la mort à l’humiliation”, selon l’agence de presse iranienne Mehr.

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Le président Joe Biden, “gravement préoccupé par les informations sur la répression toujours plus violente”, a fait savoir lundi que les États-Unis infligeraient cette semaine “de nouvelles sanctions aux auteurs de violences”“Les États-Unis sont aux côtés des femmes iraniennes et de tous les citoyens iraniens dont le courage est une inspiration pour le monde”, a-t-il ajouté dans un communiqué.

L’ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, a publié deux vidéos, l’une montrant apparemment des policiers iraniens à motos poursuivant des étudiants qui courent dans un parking souterrain, et l’autre, des policiers à moto emmenant des personnes dont la tête est recouverte de sacs en tissu noir.

Sur d’autres images, que l’AFP n’a pu vérifier de manière indépendante, on peut entendre des tirs et des cris alors qu’un grand nombre de personnes courent dans une rue la nuit. Dans une vidéo tournée, selon l’IHR, dans une station de métro de Téhéran, une foule scande : “N’ayez pas peur ! N’ayez pas peur ! Nous sommes tous ensemble !”

Mais aux yeux du guide suprême, “la police est obligée de tenir tête aux criminels et d’assurer la sécurité de la sociét锓La mort de la jeune fille nous a brisé le cœur, mais ce qui n’est pas normal, c’est que certaines personnes, sans preuve ni enquête, rendent les rues dangereuses, brûlent le Coran, retirent le foulard des femmes voilées, mettent le feu aux mosquées et aux voitures”, a-t-il déclaré.

“Beaucoup de femmes en Iran ne portent pas parfaitement le voile et sont de ferventes partisanes de la République islamique, a-t-il écrit sur Twitter. Les États-Unis ne peuvent pas tolérer un Iran fort et indépendant.”

Le ministère iranien du Renseignement avait indiqué vendredi que neuf ressortissants étrangers — notamment de France, d’Allemagne, d’Italie, des Pays-Bas et de Pologne — avaient été arrêtés en lien avec les manifestations.

Une globe-trotteuse italienne de 30 ans a affirmé être détenue en Iran : “Je suis dans une prison à Téhéran. Aidez-moi s’il vous plaît…”, a déclaré Alessia Piperno lors d’une brève conversation téléphonique avec ses parents dimanche, selon le quotidien italien Il Messaggero.

Estimant que “la violence” des forces de sécurité iraniennes était “vraiment choquante”, le chef de la diplomatie britannique James Cleverly a convoqué lundi le plus haut diplomate iranien à Londres.

Le Canada a de son côté imposé de nouvelles sanctions contre des représentants iraniens, dénonçant “la persécution systématique des femmes, et plus particulièrement les actions choquantes commises par la prétendue ‘police des mœurs’”.

Au moins 92 personnes ont été tuées par la répression depuis le début des manifestations, selon l’ONG Iran Human Rights qui s’efforce d’évaluer le nombre de morts malgré les coupures d’Internet et les blocages d’applications comme WhatsApp ou Instagram et d’autres services en ligne en Iran.

Les autorités affirment quant à elles qu’environ 60 personnes parmi lesquelles douze membres des forces de sécurité ont été tuées depuis le 16 septembre.