C’est une leçon tirée de la Covid-19. Dans la présentation de sa publication issue d’une journée prospective organisée le 6 juillet, l’Institut royal des études stratégiques (IRES) dit s’être basé sur de “fortes présomptions scientifiques que la transmission de la COVID-19 de l’animal vers l’homme est en lien étroit avec les mutations virales causées par la dégradation de l’environnement”.
En conséquence, le think tank veut promouvoir l’adoption d’une “démarche volontariste, intégrant la santé humaine, animale et environnementale”. Se référant au lien “étroit” entre la santé humaine et celle des animaux et de l’environnement, le concept One Health est une “approche intégrée” nécessitant des changements de paradigme sur le plan médical et sanitaire, selon l’IRES.
Changer les politiques nationales
En effet, pour mettre en œuvre ce concept, le think tank propose de nombreux changements, particulièrement dans la politique sanitaire, et pas des moindres : les chercheurs de l’Institut royal suggèrent, entre autres, de désectorialiser la santé humaine, animale, végétale et écosystémique.
Afin d’adapter ce concept universel au contexte marocain, ces chercheurs proposent d’intégrer le concept One Health en tant qu’axe stratégique de la refonte du système de santé, en lien avec le développement durable.
Ainsi, l’IRES appelle à la mise en place d’un cadre juridique du concept en menant les actions suivantes :
- l’instauration d’un cadre institutionnel chargé de la coordination intersectorielle ;
- l’établissement d’un système de partage des connaissances, des responsabilités et des décisions selon l’approche 3D (Data/Dialogue/Décision) ;
- le développement, la planification, la mise en œuvre et le suivi évaluation des stratégies et des planifications conjointes par les départements concernés, incluant les acteurs privés le cas échéant ;
- la définition du cadre d’action et d’une réglementation spécifique relative à la question de la biorésistance impliquant tous les partenaires y compris le secteur privé afin d’optimiser l’usage des antibiotiques en santé humaine et animale.
Le think tank marocain a également qualifié de “judicieux” de favoriser l’appropriation collective de One Health par la société civile. Pour ce, l’IRES préconise même des changements dans la formation médicale et vétérinaire, et estime que la recherche sur des questions liées au sujet devrait être encouragée ainsi que la sensibilisation, via des campagnes médiatiques, des acteurs du système de santé ainsi que de l’ensemble du corps social et économique.
Diplomatie du “One Health”
Le rapport de l’IRES propose également l’intégration de la thématique One Health dans la diplomatie climatique nationale, et ce, notamment dans la perspective de la COP 27, qui se tiendra en Égypte en novembre 2022 et de la COP 15 sur la biodiversité, qui aura lieu à Montréal en décembre 2022.
Les chercheurs de l’institut ont également appelé à soutenir, dans les instances internationales, le projet de créer un organisme scientifique indépendant dans le domaine de la santé planétaire, à l’instar du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).
En outre, le think tank incite le Maroc à prendre position en faveur du concept One Health, dans le cadre du prochain traité international sur les pandémies mondiales. Actuellement en préparation, ce dernier sera proposé aux instances internationales par l’Union européenne et le G7.