Ce n’est pas le premier braquage du genre. Cet incident ainsi qu’un autre similaire qui a également eu lieu mercredi 14 septembre surviennent, alors que de nombreux épargnants sont désespérés face à l’impossibilité de retirer leurs économies bloquées à la banque depuis trois ans. La livre libanaise a perdu plus de 90 % de sa valeur et 80 % de la population a plongé dans la pauvreté depuis 2019.
Dans des images du braquage qu’elle a diffusées en direct sur les réseaux sociaux, on entend Sali Hafez demander en criant aux employés d’une succursale de la Blom Bank de lui débloquer une somme d’argent.
“Je suis Sali Hafez, je suis venue aujourd’hui… pour récupérer l’argent de ma sœur qui est en train de mourir à l’hôpital”, dit la jeune femme dans la vidéo. “Je ne suis pas là pour tuer ou mettre le feu… Je suis là pour réclamer mes droits”, ajoute-t-elle.
Dans une interview accordée à un média local après le braquage, Sali Hafez assure avoir récupéré environ 13.000 des 20.000 euros déposés par sa famille dans la banque. Les soins de sa sœur coûtent 50.000 euros, précise-t-elle.
Selon un correspondant de l’AFP sur place, de l’essence a été aspergée sur les lieux et un pistolet a été retrouvé sur le sol. Sali Hafez assure qu’il s’agissait d’un jouet en plastique emprunté à son neveu.
Braqueuse ou héroïne ?
Sali et ses complices présumés ont réussi à s’échapper par une fenêtre avant l’arrivée des forces de sécurité. Le braquage a duré moins d’une heure.
Également mercredi, un homme a braqué une banque dans la localité d’Aley, au nord-est de la capitale, selon l’Agence nationale d’information (Ani). Il a été arrêté, a ajouté l’agence de presse officielle, sans préciser s’il était parvenu à retirer de l’argent.
Sali Hafez, architecte d’intérieur âgée de 28 ans, est une militante du mouvement de contestation déclenché en octobre 2019 contre la classe politique, a indiqué sa sœur Zeina à l’AFP. Selon elle, la famille n’était pas au courant de son intention de braquer la banque.
Elle a été saluée comme une héroïne par de nombreux internautes au Liban où les images de la jeune femme, debout sur un bureau, ont fait le tour des réseaux sociaux. “Merci ! Il y a deux semaines, j’étais en pleurs à la Blom Bank. J’avais besoin d’argent pour une opération”, a écrit un internaute.
Des incidents éclatent régulièrement depuis 2019 entre employés de banque et épargnants incapables de récupérer leur argent.
Le mois dernier, un épargnant a été acclamé par la foule après avoir fait irruption dans une banque à Beyrouth, réclamant, fusil à la main, ses plus de 200.000 euros d’économies, pour payer les frais d’hospitalisation de son père.
La banque avait fini par lui donner près de 30.000 euros et il s’était rendu aux autorités. Il n’a pas été poursuivi.
En janvier, un autre épargnant avait pris des otages dans une banque dans l’est du pays. Selon des médias locaux, il a finalement récupéré une partie de son argent, avant de se rendre à la police.