Afghanistan : le rapporteur de l’ONU demande une enquête sur les attaques contre les chiites

Les attaques perpétrées contre les chiites en Afghanistan semblent être “systématiques” et ont les apparences de “crimes internationaux”, a indiqué lundi le rapporteur spécial de l’ONU, qui réclame une enquête approfondie.

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Un taliban brandit un portrait de l'ancien chef militaire afghan Jalaluddin Haqqani sous des chants victorieux, près de l'ancienne ambassade des États-Unis à Kaboul, le 15 août 2022. Crédit: Wakil Kohsar / AFP

Ces attaques semblent être de nature systématique et comportent des éléments d’une politique organisée. Elles portent donc la marque de crimes internationaux et doivent faire l’objet d’une enquête approfondie », a déclaré Richard Bennett, lors de la présentation de son premier rapport devant le Conseil des droits de l’homme de l’ONU.

La communauté chiite, qui est essentiellement Hazara et représente entre 10 et 20 % de la population afghane (environ 40 millions d’habitants), est persécutée de longue date dans ce pays à majorité sunnite.

“Ils sont victimes d’attaques depuis des années, souvent revendiquées par l’EI-K (l’État islamique-Khorasan, la branche régionale de l’EI, ndlr)”, a expliqué Bennett.

Le mandat qu’il occupe a été créé il y a environ un an par le Conseil des droits de l’homme, près de deux mois après la prise de pouvoir des talibans, mais doit être renouvelé le 6 ou 7 octobre.

“Les communautés hazaras et chiites sont l’un des groupes les plus sévèrement persécutés. Leurs membres ont été arrêtés arbitrairement, torturés, exécutés de façon sommaire, déplacés de leurs terres traditionnelles, et ils sont soumis à une fiscalité discriminatoire et autrement marginalisés”, a dénoncé Bennett.

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La sécurité en Afghanistan s’est grandement améliorée depuis la prise de pouvoir des talibans et le retrait des troupes américaines, après 20 ans d’une guerre d’usure contre leur présence militaire.

Des attaques surviennent toutefois encore régulièrement et sont essentiellement revendiquées par l’EI-K, qui vise principalement les minorités religieuses afghanes chiite, soufie et sikh.

L’EI considère la minorité chiite comme hérétique.

À l’occasion de la présentation de son rapport, Bennett a également dénoncé “l’important recul des droits des femmes et des filles, les représailles contre les opposants et les voix critiques, et la répression de la liberté d’expression”, autant de facteurs qui mènent le pays “sur la voie de l’autoritarisme”.

“Dans aucun autre pays, les femmes et les filles n’ont disparu aussi rapidement de toutes les sphères de la vie publique”, a-t-il dit.

Tout en se félicitant d’avoir été reçu par les autorités de fait afghanes lors de sa visite en mai, Bennett leur a rappelé les obligations qui leur incombent en vertu des traités internationaux auxquels l’Afghanistan est partie et a exprimé l’espoir de pouvoir poursuivre ce dialogue et de se rendre sur place “bientôt”.