“L’hydre de l’islamisme radical” : aux origines de l'islamisme par Hassan Aourid

Le nouvel essai du politologue et professeur des universités, Hassan Aourid, remonte aux origines de l’islamisme radical, et de toutes les idéologies qui ont émergé depuis. Qu’en est-il de ses différentes représentations aujourd’hui ? Comment s’incarnent-elles ? Ce sont les questions auxquelles tente de répondre cet essai.

Par

La confrérie des Frères musulmans naît au cœur des incertitudes de l’après-Première Guerre mondiale. On assiste parallèlement à l’essor du nationalisme arabe et à l’effondrement de l’Empire ottoman. Les Frères musulmans, dans leurs acceptions nationales variées, souhaitent imposer un projet politique aux États arabes et à l’Occident, projet fondé sur une lecture radicale du Coran.

Leur idéologie est basée sur le regret d’une gloire passée, et sur la volonté de réinscrire l’ère prophétique et son idéal médinois dans l’époque contemporaine. Les Frères cherchent à recontextualiser le message de l’islam sur la frise chronologique – hier, aujourd’hui, demain – en prétendant être l’acteur de cette continuité.

Malgré des échecs, la révolution iranienne de 1979 leur donne un modus operandi et une base référentielle sur lesquels s’appuient leurs actions contemporaines. Leurs modes opératoires s’appuient tous sur la volonté d’unifier passé et présent.

Comme le prosélytisme, qui investit de manière conséquente le quotidien des pays visés, et s’empare des vides laissés par le politique. Lucides, les partisans de l’idéologie frériste savent que ce projet n’est pas aussi fédérateur qu’ils le souhaitent. Ils s’appuient donc sur le Coran pour leur stratégie invasive.

Détemporaliser le message prophétique pour y inféoder le présent

Reconnaître les vertus de la patience permet aux Frères de vivre pleinement leur confiance absolue en Dieu. Ils pensent que la victoire est gagnée d’avance. Cette croyance non seulement remplace les vicissitudes de l’existence, mais impute les tragédies de notre temps, pauvreté, guerres et sécularisation, au système politique.

Ce groupe refuse de transmettre le pouvoir par le sang (monarchie) et les urnes (parlementaire). Aux démagogues ambitieux qui attendent leur heure, les yeux rivés sur l’horloge du temps politique, il préfère l’humble musulman qui se lève le matin pour la prière de l’aube (al Fajr), celle qui est réputée être la plus dure et la plus contraignante, qui devrait distinguer aisément l’hypocrite du croyant sincère.

Enfin, les Frères musulmans préfèrent s’adresser aux classes moyennes, mais c’est auprès des classes les plus populaires que leur discours rencontre le plus franc succès. “Pourquoi les musulmans semblent-ils être en retard, alors que les autres sont en avance?” Avec ce genre de rhétorique, le groupe met le doigt sur les inégalités sociales qui se creusent et font le lit d’un contre-modèle panarabiste, soucieux de rattraper son retard, et ce, en imposant un modèle idéologique fort, pensent-ils.

Ainsi, une forme nouvelle d’élitisme est prônée, comme une pyramide inversée, où la gloire irait tout d’abord aux plus modestes et aux plus pieux, pourvu qu’ils écoutent et appliquent rigoureusement le message divin.

Dans cette conception, c’est l’idéologie qui choisit ses partisans, et non l’inverse. Ainsi, cette même idéologie semble honorer ceux qui y adhèrent. Une “transaction divine” que l’auteur met en avant, l’opposant au dogme individualiste occidental du libre arbitre.

Hassan Aourid révèle donc la ligne de force qui trace le sillon de l’homo islamicus, pierre angulaire des prémices et avancées de cet islamisme radical.

«Pour le plaisir !»

Mohamed Kohen

80 DH

Ou

Livraison à domicile partout au Maroc

L’hydre de l’islamisme radical, de Hassan Aourid, éditions La Croisée des chemins.

Commandez ce livre au prix de 90 DH (+ frais d’envoi) sur qitab.ma ou par WhatsApp au 06 71 81 84 60