Lors de l’audience, le 30 mai, le procureur général avait requis six mois de prison avec sursis. L’avocat de l’imam Jean Iglesis a aussitôt annoncé son intention de se pourvoir en cassation. Pour lui, la décision de la cour risque d’être “la porte ouverte à une police de la religion”. “C’est une décision totalement punitive, dictée par des considérations qui dépassent le droit”, a estimé William Bourdon, autre avocat de Mohamed Tataiat.
En revanche, l’avocat de l’une des parties civiles, l’association Ben Gourion, Jacques Samuel, a fait part de sa “satisfaction” et de son “soulagement”, considérant que la cour avait bien “saisi la duplicité des propos” de Tataiat.
De son côté, l’avocat du Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), Simon Cohen, a tenu à rappeler le caractère “dangereux” de ces propos.
Lors de l’audience, les débats s’étaient concentrés sur un hadith (parole du prophète Mohammed) inclus par Mohamed Tataiat, 59 ans, dans son prêche du 15 décembre 2017 à la mosquée du quartier populaire d’Empalot, à Toulouse.
Selon le texte du prêche traduit lors de l’enquête, l’imam cite un hadith proclamant : “Le jour du jugement ne parviendra que quand les musulmans combattront les juifs, le juif se cachera derrière l’arbre et la pierre, et l’arbre et la pierre diront : ‘Oh musulman, oh serviteur de Dieu, il y a un juif derrière moi, viens et tue-le, sauf Algharqada, qui est l’un des arbres des juifs’.”
Ce prêche avait été prononcé dans un contexte de tensions entre Palestiniens et Israéliens, après l’annonce par l’ancien président américain Donald Trump de son intention de transférer l’ambassade des États-Unis de Tel-Aviv à Jérusalem.
S’exprimant en arabe par l’intermédiaire d’un interprète, l’imam algérien, qui vit en France depuis 1985, avait assuré qu’il “n’invitait pas les musulmans à combattre les juifs ou les Israéliens” mais, bien au contraire, à “ne pas participer au mouvement qui amène à cette fin tragique”.
Près d’une dizaine d’associations s’étaient portées partie civile dont la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), le Crif, SOS racisme ou l’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne (Agrif, proche des catholiques intégristes).
La cour d’appel a aussi condamné Tataiat a verser près de 20.000 euros de dommages et intérêts à ces associations. Le 14 septembre 2021, le tribunal correctionnel de Toulouse (sud-ouest) avait relaxé l’imam mais le parquet avait aussitôt fait appel.