Twitter a convoqué ses actionnaires pour une “réunion spéciale” par vidéoconférence, d’après des documents officiels déposés mardi auprès de la SEC, le gendarme boursier américain.
Le contexte du vote a dramatiquement changé depuis fin avril, quand le conseil d’administration du groupe et Elon Musk avaient signé un accord pour le rachat de Twitter à 54,20 dollars l’action, soit une valorisation de 44 milliards de dollars.
Le 8 juillet, le patron de Tesla et SpaceX a mis fin unilatéralement à cet accord, au motif que la société basée à San Francisco aurait selon lui menti sur la proportion de comptes automatisés et de spams sur sa plateforme. Twitter a ensuite lancé des poursuites contre le multimilliardaire, pour le forcer à honorer son engagement.
La juge chargée du dossier, la présidente d’un tribunal spécialisé en droit des affaires, a indiqué la semaine dernière que le procès se tiendrait en octobre et durerait cinq jours. Les deux parties n’ont pas encore réussi à se mettre d’accord sur une date.
Le conseil d’administration de Twitter a dans le passé appelé ses actionnaires à voter en faveur de l’acquisition le moment venu. Son titre vaut actuellement environ 39 dollars. Si la transaction avait finalement lieu, elle représenterait une plus-value conséquente pour les actionnaires.
La décision de la juge a été perçue comme une première victoire pour la firme à l’oiseau bleu, qui avait demandé une procédure accélérée, dès le mois de septembre, pour ne pas faire durer la période d’incertitude qui paralyse en partie l’entreprise.
Elon Musk voulait lui que les hostilités ne soient pas ouvertes avant l’année prochaine, assurant que des experts devraient analyser “des montagnes de données” sur les faux comptes. Les avocats de Twitter estiment que le fantasque entrepreneur a changé d’avis face à la récente baisse des valorisations en Bourse des entreprises technologiques. Dans la plainte, ils l’accusent d’“hypocrisie” et de “mauvaise foi”.
“Nous soupçonnons que M. Musk veuille retarder ce procès suffisamment longtemps pour ne jamais avoir à rendre de comptes. (…) Il sait que dans ce genre de circonstances, une justice en retard est souvent une justice non rendue. C’est même ce qu’il espère”, a assené l’un d’eux, William Savitt, lors de l’audience préliminaire du 19 juillet.