Dans un message adressé aux participants à la réunion du Groupe africain des ministres des Finances et des gouverneurs des Banques centrales des États africains membres de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (Caucus africain), ouverte ce mardi 5 juillet à Marrakech, le roi a indiqué que le monde sortait à peine de l’emprise de la pandémie de Covid-19 que l’économie globale s’est trouvée prise dans une spirale de perturbations inédites des chaînes d’approvisionnement et soumise à des pressions inflationnistes croissantes et à une hausse record des cours de l’énergie, des produits alimentaires et des matières premières.
Cette crise affecte inégalement les pays africains, ses effets variant selon les potentialités économiques et les besoins de chacun en matières premières, notamment énergétiques et alimentaires, a relevé le roi dans ce message, dont la lecture a été donnée par la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui. Le continent africain apparaît, dans cette conjoncture difficile, “comme l’une des régions les plus touchées, tant au regard des multiples périls qui menacent sa sécurité alimentaire et énergétique que de la baisse des taux de sa croissance économique”.
“Les conditions sociales s’en trouvent ainsi fortement dégradées dans bon nombre de pays africains”, a poursuivi le souverain, soulignant que dans un contexte de pénurie des financements concessionnels et de durcissement des conditions de leur attribution, l’augmentation des besoins en financement entraîne un renchérissement aigu du service de la dette qui plombe davantage la situation économique de nombreux pays africains.
Faisant observer que de nombreuses économies africaines sont peu diversifiées et reposent en grande partie sur l’exportation de matières premières, le roi a précisé que ces économies pâtissaient également de la forte dépendance des filières agricoles des aléas climatiques, ainsi que d’une faible mise en valeur du potentiel démographique considérable dont elles disposent.
Intensification des efforts pour le développement
“Afin de corriger ces défaillances, les efforts doivent s’intensifier pour élaborer des programmes intégrés de développement, selon des objectifs clairs et des instruments de financement innovants”, a soutenu le souverain, notant que ces dispositifs “devront inscrire le citoyen africain au cœur de leurs préoccupations et s’articuler essentiellement autour d’une mise en valeur des opportunités d’intégration économique entre les pays africains. Ils supposent également une implication active du continent dans la dynamique de transformation numérique et de transition énergétique à l’œuvre dans le monde”.
À cette occasion, le roi a également mis en avant les progrès accomplis dans l’opérationnalisation de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAF), qui attestent une fois encore la capacité des pays du continent à renforcer leur intégration économique selon une vision commune.
La mise en œuvre effective de cette zone dans les meilleurs délais permettra, selon le souverain, “d’accélérer l’intégration des économies africaines entre elles et dans les chaînes de valeur mondiales”.
La coopération Sud-Sud, une voie royale
“La coopération commerciale et économique Sud-Sud que nous appelons de nos vœux s’en trouvera assurément renforcée”, a estimé le roi, invitant de nouveau “nos partenaires bilatéraux et multilatéraux à accompagner les efforts sans cesse déployés par les États de notre continent en matière de développement”.
Pour le roi, cet accompagnement, qui s’inscrit dans le cadre d’un partenariat stratégique gagnant-gagnant, permettra aux États africains de se doter des ressources suffisantes pour promouvoir la dynamique de développement durable et, in fine, assurer à leurs peuples respectifs les conditions d’une vie décente et paisible.
Rappelant que la coopération Sud-Sud demeure la voie la mieux indiquée pour promouvoir le développement économique dans les pays du continent, Mohammed VI a affirmé que le Maroc comptait désormais à son actif des réalisations significatives sous forme de projets structurants, à l’instar du projet de gazoduc entre le Maroc et le Nigéria qui devrait fortement contribuer à renforcer la sécurité énergétique de bon nombre de pays africains.
(avec MAP)