Lahcen Haddad : “Le Maroc n’est censé contrôler que ses propres frontières”

La commission parlementaire mixte Maroc-UE a tenu, du 27 au 30 juin, une série de réunions au Parlement européen à Bruxelles. À l’ordre du jour, la protection des journalistes au Maroc, mais surtout le drame de Melilia. Détails.

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Lahcen Haddad, président de la commission parlementaire mixte Maroc-UE. Crédit: Yassine Toumi / TelQuel

Il s’agit d’une première série de réunions, qui se poursuivent du 4 au 7 juillet à Strasbourg. Présidée par l’Istiqlalien Lahcen Haddad, la délégation marocaine s’est réunie avec 27 eurodéputés représentant les différents groupes politiques siégeant au Parlement européen, en vue de discuter des rapports élaborés par les commissions des droits de l’Homme et des affaires étrangères, a indiqué un communiqué de la commission.

Côté droits humains, les Européens s’apprêtaient à adopter un rapport contenant des recommandations qui condamnent le Maroc quant à la question de la protection des journalistes, avant une intervention de la part des députés marocains, explique à TelQuel Lahcen Haddad, président de la commission parlementaire mixte Maroc-UE.

Selon le communiqué officiel de la commission, c’est la rapporteuse du Parlement européen, Isabel Wiseler-Lima du groupe du Parti populaire européen (groupe PPE), qui a procédé à l’élaboration préliminaire du rapport principal de la commission des droits de l’Homme sur la protection des journalistes à travers le monde et la politique de l’UE, mise en place après des échanges avec les journalistes et experts du domaine.

Reconnaître les défis du Maroc

“De même, nous avons empêché l’adoption d’une résolution condamnant le Maroc concernant ce qui s’est passé à Melilia. Vers la fin des discussions, la majorité des députés, sauf ceux de l’extrême gauche, ont salué le rôle du Maroc dans la gestion de la question migratoire, en confirmant les défis auxquels il fait face”, affirme Lahcen Haddad.

Il s’agit d’un rapport du député européen Antonio López-Istúriz White (groupe PPE) sur la politique étrangère et la sécurité dans le cadre du renouvellement du partenariat avec les voisins du Sud et le nouvel Agenda pour la Méditerranée, où il a été question d’une proposition d’amendement et d’un projet de résolution “anti-marocain” déposé par un groupe d’eurodéputés du groupe des Verts et la Gauche unitaire européenne menée par la députée européenne Idoia Villanueva Ruiz et l’eurodéputée Marisa Matias.

Le communiqué indique que durant la même période et parallèlement aux incidents de Melilia, ces deux groupes au Parlement européen ont procédé à la présentation d’un projet de résolution urgente anti-marocaine.

“Face à cette stratégie préméditée contre le Maroc menée par certains eurodéputés soutenant les thèses séparatistes du ‘Polisario’ et leur tentative vaine d’induire en erreur l’opinion publique européenne, les membres de la Commission parlementaire mixte Maroc-UE ont intensifié leurs rencontres avec les parlementaires européens de poids”, ajoute le document.

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Quant à la séance plénière de l’instance européenne tenue hier à Strasbourg, elle “s’est contentée, après adoption de l’ordre du jour, d’ouvrir un débat de 20 minutes, durant lequel plusieurs parlementaires européens ont démontré les risques des actes des mafias de l’immigration clandestine, qui ont procédé à l’armement de migrants irréguliers ayant pénétré au Maroc de façon illégale, ce qui a conduit à l’assaut contre la clôture métallique de Melilia, et le décès de 23 migrants, et a engendré de multiples positions aux dimensions juridiques, judiciaires et politiques suite à ces incidents déclenchés par les mafias de la migration”, souligne-t-on.

Pour une approche globale de la gestion du flux migratoire

Pourtant, les eurodéputés ont réaffirmé, durant les réunions, le passage par l’Algérie des clandestins, mais sans référer à aucun “laxisme” algérien, nous confie Haddad. Dans ce sens, les députés marocains avaient adressé une lettre à leurs homologues de l’UE, dans laquelle ils appelaient à “repenser les partenariats et les politiques de voisinage pour aller vers une approche plus durable et mutuellement bénéfique d’une migration qui protège les frontières et les souverainetés nationales”.

D’après le député istiqlalien, les parties ont toutes deux confirmé la nécessité d’adopter une approche globale dans la gestion du flux migratoire, insistant sur le fait que le Maroc est à la fois un pays de transit, d’accueil et aussi exportateur de migrants. “Le Maroc doit donc assumer ses responsabilités, mais il n’est censé contrôler que ses propres frontières. Le partenariat en matière de migration ne veut pas dire la délégation de la gestion de cette question au royaume”, ajoute-t-il.

Il a également indiqué que les députés réunis ont discuté de la possibilité d’allouer au Maroc une éventuelle bourse en vue de l’aider à mieux gérer le flux de migrants à destination de la rive nord de la Méditerranée. “C’est débattu”, dit-il.

(avec MAP)