Quelque 92 députés sur les 120 au total se sont prononcés en faveur de la dissolution du Parlement lors d’un vote final jeudi matin. Peu avant ce vote, les élus israéliens s’étaient prononcés pour fixer au 1er novembre la date des prochaines élections.
Un comité parlementaire, formé d’élus de l’opposition et de la coalition au pouvoir, s’était entendu en début de semaine pour dissoudre la Knesset, le Parlement, mercredi soir, mais ce vote a été reporté en raison notamment de débats qui se sont éternisés à la chambre sur différents projets de loi que les élus souhaitaient adopter avant la dissolution.
“Je n’ai pas l’intention de me présenter aux prochaines élections, mais je resterai un soldat loyal de ce pays, que j’ai servi toute ma vie en tant que soldat, officier, ministre et Premier ministre”, avait déclaré mercredi soir le Premier ministre sortant Naftali Bennett, confirmant céder la direction de sa formation Yamina à l’actuelle ministre de l’Intérieur, Ayelet Shaked.
Yair Lapid, Premier ministre par intérim
Bennett doit céder vendredi à minuit (21 h GMT jeudi) son poste de Premier ministre au chef de la diplomatie Yaïr Lapid qui assurera l’intérim jusqu’à la formation du prochain gouvernement, après les élections de novembre. Mais dès jeudi après-midi, les deux leaders devraient tenir une cérémonie symbolique de passation de pouvoir.
En juin 2021, Bennett et Lapid avaient écrit une page de l’histoire d’Israël en réunissant une coalition de huit partis (droite, gauche, centre), incluant pour la première fois une formation arabe, afin de couper court à 12 ans sans discontinuer de pouvoir de Benjamin Netanyahu.
Mais un an plus tard, la coalition a perdu sa majorité à la chambre au point où le gouvernement n’a pas été en mesure de faire voter le renouvellement d’une loi garantissant aux plus de 475.000 colons de Cisjordanie occupée les mêmes droits que les autres Israéliens.
Dans ce contexte, Naftali Bennett, lui-même un ardent défenseur des colonies, pourtant contraires au droit international, a préféré faire harakiri de son gouvernement, annonçant son intention de dissoudre la chambre pour convoquer de nouvelles élections.
Une scène politique divisée
Or, l’accord de coalition entre Bennett et Lapid prévoyait un partage du pouvoir, incluant une clause selon laquelle Lapid assurait l’intérim jusqu’à la formation d’un nouveau gouvernement en cas de dissolution du Parlement, qui intervient par ailleurs à l’heure où les sondages font toujours état d’une fragmentation du paysage politique israélien avec 13 partis se partageant l20 sièges.
“Ce dont nous avons besoin aujourd’hui est de retourner au concept d’unité israélienne et non de laisser les forces de l’ombre nous diviser”, a déclaré la semaine dernière Yaïr Lapid, qui n’aura pas le temps de célébrer longtemps son accession aux plus hautes marches du pouvoir israélien.
Cet ex-journaliste vedette, qui a fondé il y a une décennie le parti centriste “Yesh Atid” (“Il y a un futur” en hébreu), devra rapidement mettre ses troupes en ordre de bataille pour les législatives, en plus d’être à la fois Premier ministre et ministre des Affaires étrangères.
Lapid accueillera, à la mi-juillet, en Israël le président américain Joe Biden pour sa première tournée au Moyen-Orient depuis son arrivée à la Maison Blanche. Il devra garder les yeux rivés sur la politique nationale avec le chef de l’opposition et du parti Likoud Benjamin Netanyahu, 72 ans et jugé pour corruption dans une série d’affaires, qui cherche à retrouver son ancien poste de Premier ministre.
“L’expérience (de la coalition) a échoué. C’est ce qui arrive lorsque vous mettez ensemble une fausse extrême droite avec la gauche radicale, le tout avec les Frères musulmans (…)”, a déclaré jeudi Netanyahu.
“Aurons-nous un autre gouvernement Lapid qui sera aussi un échec ou un gouvernement de droite mené par nous ? Nous sommes la seule alternative ! Un gouvernement fort, nationaliste et responsable”, a ajouté Netanyahu, lançant ainsi sa prochaine campagne électorale.