Les bilans se suivent et s’alourdissent. De sources marocaines citées par la presse espagnole, cinq nouvelles personnes sont décédées dans la tentative menée par 2000 migrants subsahariens de franchir la clôture métallique qui sert de frontière entre Nador et l’enclave espagnole de Melilia.
Les mêmes sources ont indiqué que 18 autres migrants et un membre des forces de sécurité sont actuellement sous surveillance médicale.
Côté associatif, les bilans dressés du drame sont bien plus lourds. L’Association marocaine des droits humains (AMDH) avance le chiffre de 27 morts tandis que l’ONG espagnole Caminando Fronteras fait état de 37 morts.
La présidente de cette organisation, Helena Maleno, rapporte ce dernier chiffre sur son compte Twitter. “Nous confirmons 37 victimes dans la tragédie de Melilia. Les chiffres ne sont pas définitifs et peuvent continuer à augmenter”, déclare-t-elle dans un tweet sans détailler les sources de ces informations.
🔴Confirmamos treinta y siete víctimas en la tragedia de Melilla. Las cifras no son definitivas pueden seguir aumentando #DEP.
— Helena Maleno Garzón (@HelenaMaleno) June 25, 2022
Selon l’agence de presse espagnole EFE, citant des sources sécuritaires marocaines, certaines des personnes blessées dans les affrontements qui ont eu lieu vendredi lors de l’assaut de la clôture ont des blessures liées aux gaz lacrymogènes utilisés par les forces de l’ordre pour les disperser.
Vendredi 24 juin dernier, près de 2000 migrants subsahariens, armés de bâtons, d’armes blanches et de pierres, se sont dirigés en bloc vers la clôture frontalière pour la franchir et 133 ont réussi à y pénétrer, face à un grand nombre de forces marocaines qui ont réagi à coups de matraques, de gaz lacrymogènes et de balles en caoutchouc.
Appels à une “enquête approfondie”
Au Maroc comme en Espagne, les voix des ONG s’élèvent pour réclamer une “enquête approfondie” sur ce drame. “Nous insistons sur l’ouverture d’une enquête approfondie pour élucider toutes les circonstances de ce drame”, a plaidé samedi soir Omar Naji, chargé du dossier des migrants au sein de la section de l’AMDH à Nador.
“C’est du jamais vu à Nador ou au Maroc en général”, a témoigné Omar Naji dans une interview à l’AFP, faisant état de 27 morts parmi les migrants originaires d’Afrique subsaharienne. “Un bilan qui va sans doute s’alourdir au vu de la violence des affrontements”, a-t-il souligné.
En Espagne, une députée européenne du parti de gauche radicale Podemos, allié des socialistes au sein du gouvernement minoritaire de Sánchez, leur a fait écho. “Une enquête est nécessaire pour éclaircir les faits et les responsabilités”, a réclamé dans un tweet Idoia Villanueava, responsable de Podemos pour les affaires internationales.
@PODEMOS exige que se depuren responsabilidades por las muertes en la valla de Melilla
Lo venimos defendiendo desde el principio: el cumplimiento del derecho internacional es y debe ser innegociable. https://t.co/01PePEQmue
— Idoia Villanueva (@IdoiaVR) June 26, 2022
Le bilan humain est — de très loin — le plus meurtrier jamais enregistré lors des nombreuses tentatives de migrants subsahariens de pénétrer à Melilia ou dans l’autre enclave espagnole de Sebta.
(avec agences)