La Banque ayant déjà intégré dans ses prévisions l’impact des décisions prises dans le cadre de l’accord social du 30 avril 2022, et tenant compte de la nature des pressions inflationnistes, essentiellement d’origine externe, et du retour prévu de l’inflation à des niveaux modérés en 2023, le Conseil a décidé de maintenir l’orientation accommodante de la politique monétaire et ce, pour continuer de soutenir l’activité économique”, précise un communiqué de la Banque centrale.
“Il a décidé en conséquence de garder le taux directeur inchangé à 1,50%, tout en continuant de suivre de près l’évolution de la conjoncture nationale et internationale”, indique BAM.
Lors de cette réunion, le Conseil a analysé l’évolution de la conjoncture internationale qui reste marquée en particulier par l’enlisement de la guerre en Ukraine, la persistance de l’inflation à des niveaux exceptionnellement élevés, le resserrement des politiques monétaires et la détérioration des perspectives économiques. Pâtissant de cet environnement et des conditions climatiques défavorables, notamment la sécheresse, l’économie nationale connaitrait cette année une forte décélération conjuguée à une exacerbation des pressions inflationnistes, selon Bank Al-Maghrib.
Augmentation remarquable des importations
Au plan des comptes extérieurs, les importations s’accroitraient de 24,2% en 2022 en lien essentiellement avec l’alourdissement de la facture énergétique qui atteindrait 122,4 milliards de dirhams (MMDH) et l’augmentation prévue des acquisitions des produits bruts et des demi-produits. En 2023, la hausse se limiterait à 0,3%, sous l’effet en particulier de la baisse attendue des cours des produits énergétiques.
En parallèle, les exportations s’amélioreraient de 22% en 2022 et de 0,8% en 2023, portées principalement par les ventes du phosphate et dérivés et du secteur automobile qui s’établiraient respectivement à 102,7 MMDH et 114,7 MMDH en 2023.
Bénéficiant de la réouverture des frontières et du lancement de l’opération Marhaba, les recettes de voyage connaitraient une reprise graduelle, passant de 34,3 MMDH en 2021 à 54,3 MMDH en 2022 et à 70,9 MMDH en 2023.
Après un niveau record de 93,7 MMDH enregistré en 2021, les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) reviendraient progressivement à leur niveau d’avant crise, totalisant 87,3 MMDH en 2022 et 84 MMDH en 2023.
Dans ces conditions, le déficit du compte courant se creuserait à 4,9% du PIB en 2022, après 2,3% en 2021, avant de s’alléger à 3,8% en 2023.
Concernant les investissements directs étrangers (IDE), les recettes avoisineraient l’équivalent de 3% du PIB sur l’horizon de prévision.
Au total, et sous l’hypothèse notamment de la concrétisation des financements extérieurs prévisionnels du Trésor, les avoirs officiels de réserve se situeraient à 342,5 MMDH à fin 2022 et à 346,4 MMDH à fin 2023, assurant ainsi une couverture autour de 6 mois d’importations de biens et services.
Diminution de 2,8% du taux de change effectif
Pour ce qui est des conditions monétaires, le taux de change effectif réel se déprécierait de 2,8% en 2022 et de 0,9% en 2023, résultat d’un niveau d’inflation domestique inférieur à celui des partenaires et concurrents commerciaux et d’une dépréciation nominale en 2022 principalement vis-à-vis du dollar.
Quant aux taux débiteurs, ils poursuivent leur tendance baissière, avec une nouvelle diminution au premier trimestre 2022 de 16 points de base à 4,28%.
Le besoin de liquidité des banques devrait se creuser à 78,2 MMDH à fin 2022 puis à 91,9 MMDH à fin 2023, tiré par la progression prévue de la circulation fiduciaire. Concernant le crédit bancaire au secteur non financier, il devrait maintenir un rythme de croissance modéré autour de 4% en 2022 et en 2023.
Sur le volet des finances publiques, l’exécution budgétaire au titre des cinq premiers mois de l’année fait ressortir une amélioration de 25,5% des recettes ordinaires portée par l’augmentation du produit fiscal et des financements spécifiques. En parallèle, les dépenses globales se sont alourdies de 16,6% reflétant en particulier la hausse de la charge de compensation.
“Le déficit budgétaire devrait passer de 5,9% du PIB à 6,3% en 2022 avant de s’atténuer à 5,6% en 2023”, conclut le document de BAM.
(avec MAP)