Mohammed Abdeljalil : la RAM n'est pas tenue de recruter les pilotes stagiaires

Royal Air Maroc a proposé le recrutement progressif de pilotes stagiaires au sein d’une filiale détenue à 100 % par la compagnie nationale, a affirmé, le 25 avril, le ministre du Transport et de la Logistique, Mohammed Abdeljalil. Une mesure insuffisante pour calmer la colère des apprentis navigateurs, comme nous l’avions expliqué dans un précédent article.

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Royal Air Maroc (RAM) a proposé, à partir de décembre 2021, un recrutement progressif d’un nombre de pilotes stagiaires au sein d’une filiale détenue à 100 % par la compagnie nationale”, a affirmé, lundi à la Chambre des représentants, le ministre du Transport et de la Logistique, Mohammed Abdeljalil.

“La proposition de recrutement dans la filiale était en contrepartie de salaires équivalents à ceux proposés chez des compagnies internationales concurrentes, mais relativement inférieurs à leur niveau d’avant pandémie”, a-t-il précisé.

En effet, les dirigeants de la compagnie nationale avaient proposé à ces apprentis navigateurs, en décembre 2021, une offre “à prendre ou à laisser” selon un pilote stagiaire consulté par TelQuel, d’intégrer ses rangs à travers sa filiale Atlas Multiservices (AMS). Créée en 2007, cette filiale avait comme mission de recruter les différents collaborateurs de la compagnie, dont les stewards et les hôtesses de l’air, le personnel logistique ou encore les agents de propreté.

Les futurs pilotes ont alors refusé tout contact avec AMS, “car c’était en totale contradiction avec les engagements contenus dans la première lettre annonçant notre suspension”, a justifié à TelQuel l’un de ces jeunes pilotes.

Néanmoins, selon le ministre du Transport, les pilotes stagiaires de la RAM ont affirmé à travers “des documents signés par leurs soins, que la compagnie n’est pas tenue à les embaucher à l’issue de la période de formation”, précisant que certains parmi eux “ont accepté la proposition d’embauche au niveau de la filiale de la RAM”, ajoutant que d’autres stagiaires, “formés dans d’autres pays, ont accepté d’exercer dans le cadre de la même offre”.

Une histoire qui date d’environ six ans

L’affaire de ces pilotes stagiaires remonte à 2016, lorsque la compagnie nationale avait lancé un appel à candidatures pour le recrutement de pilotes de ligne. Les candidats sélectionnés avaient alors bénéficié d’une formation de deux ans au sein de la prestigieuse École nationale de l’aviation civile (ENAC) de Toulouse.

Onéreuse, la formation, qui a coûté 120.000 euros par lauréat, avait été financée par des prêts bancaires contractés par ces futurs pilotes. Le garant étant Royal Air Maroc.

Après cette formation en France, ces pilotes devaient rejoindre la compagnie nationale pour un stage d’adaptation, de deux mois. Par la suite, ils devraient rembourser le prêt bancaire sur les dix années suivantes, à hauteur d’environ 15.000 dirhams par mois, ponctionnés sur leurs salaires.

Cependant, et en raison des répercussions de la crise liée à la pandémie sur le secteur aérien, RAM avait décidé de réduire considérablement sa voilure, et prévu le licenciement économique de 750 personnes, dont 150 pilotes. Les lauréats de l’ENAC n’étant pas épargnés, avaient reçu une lettre, de la part du transporteur national, les informant de leur suspension jusqu’au 1er avril, ultérieurement prolongée d’un an.

Selon le ministre, la crise a poussé la compagnie à “adopter un plan pour maîtriser ses dépenses afin d’assurer sa pérennité et sa compétitivité, dont la vente de 10 avions sur un total de 60 et le lancement d’une opération de départ du personnel”.

Dans une interview accordée à TelQuel en octobre 2020, le PDG de Royal Air Maroc, Abdelhamid Addou, avait affirmé que sa compagnie ferait “tout pour reprendre, pour recruter” ces jeunes pilotes. À ce jour, ils sont 100 environ à attendre le sort de ces promesses.

(avec MAP)