Les pays européens ont été “victimes de la propagande russe sur le sujet”, a déclaré M. Michel, qui dirige l’instance représentant les 27 États membres de l’Union européenne, interrogé lors de l’émission “Questions politiques” par les radios France Inter et France Info et le journal Le Monde.
Un traitement “choquant et raciste”
Des témoignages faisant état de ressortissants africains empêchés de rejoindre les frontières de l’Ukraine ou de les franchir se sont multipliés cette semaine, amenant l’Union africaine à exprimer le 28 février son inquiétude face à un “traitement différent inacceptable” qui serait “choquant et raciste”.
“Il est vrai que du côté ukrainien, il y a eu pendant plusieurs jours, c’est moins le cas maintenant, de très (très) longues files à la frontière, parce que les Ukrainiens voulaient identifier quelles étaient les personnes qui quittaient le territoire”, a reconnu Charles Michel, qui s’est rendu cette semaine à la frontière polono-ukrainienne.
“Il semble que des étudiants d’origine africaine ne comprenaient pas pourquoi ils devaient faire la file alors qu’eux n’étaient pas concernés par cette démarche de la part de l’Ukraine, donc ça a pu donner lieu à des tensions”, a-t-il ajouté.
Une démarche russe pour installer le doute ?
“Mais clairement, au départ de cela, la Russie a activé une propagande hostile dans un moment où on faisait la bataille diplomatique aux Nations unies, pour tenter d’instiller dans des pays africains le soupçon, le doute. C’est exactement la même méthode que l’on connaît au Mali ou en République centrafricaine”, a affirmé le président du Conseil européen.
L’Assemblée générale de l’ONU a adopté mercredi une résolution qui “exige que la Russie cesse immédiatement de recourir à la force contre l’Ukraine”, à une écrasante majorité de 141 pays sur 193, cinq votes contre et 35 abstentions, dont près d’une moitié de pays africains.
“Il peut y avoir des comportements discriminatoires qui sont inacceptables, il faut les condamner. Mais en aucun cas ni côté ukrainien ni côté polonais, il n’y a eu une dimension qui visait à discriminer délibérément qui que ce soit”, a assuré M. Michel, faisant état de “1500 étudiants nigérians” déjà rapatriés lors de sa visite en Pologne.