Le Maroc de 2019 vu par Yassine Toumi
Le Maroc de 2019 vu par Yassine Toumi
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“On venait de sortir d’une rencontre avec des leaders du Hirak de Jerada. C’est là que nous avons croisé ce vieil homme, seul, au centre-ville. Il était fatigué et portait une lourde batterie, avec laquelle il descend dans les mines. Je suis parti à sa rencontre, on a sympathisé et je lui ai demandé s’il était possible d’aller chez lui pour prendre une photo, avec sa famille. C’était mon idée initiale et il a accepté avec plaisir. J’ai voulu porter sa batterie lors du trajet, mais il a refusé. On a beaucoup marché pour se rendre à son domicile, une petite maison en briques très austère, sans peinture ni fenêtres. Sa femme ne voulait pas être prise en photo et on s’est alors dirigés vers la cuisine, qui n’a qu’une seule ampoule fixée au mur. En l’allumant, je n’ai pas aimé la lumière. Je lui ai alors demandé d’allumer sa lampe frontale, et j’ai donné mon smartphone au journaliste Younes Saoury qui l’a tenu avec le flash face au vieil homme. Le problème, c’est que l’homme pouvait à peine se tenir debout, tellement il était fatigué. Il ne s’était pas lavé et son visage, déjà marqué, était souillé de charbon.” (“Post-Hirak : Jerada, de l’ombre à la lumière”, TelQuel n° 869 du 2 août)
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“Cette photo illustre bien le décalage qu’il peut y avoir entre une scène que tu imagines avant de prendre une photo et le résultat final. Les photographes et caméramans étaient postés dans un petit endroit au-dessus du porche. Au moment où le Pape François entre, je vois les fidèles des deux rangées s’agglutiner de part et d’autre du couloir. Je voulais prendre une photo avec beaucoup de mains autour de lui mais, au fur et à mesure que le Pape avançait, la composition changeait. Au final, on le voit quand même serrer fortement une main. Quand je mène mes reportages, je réfléchis toujours à l’image en imaginant des scènes. Parfois, tu ne fais pas ce à quoi tu as pensé, mais tu tombes sur mieux.” (Dans les coulisses de la visite du Pape François”, TelQuel n°852, du 5 avril)
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“La photographie a été prise devant la porte du stade qui a été inondé lors de la crue. C’était un jour où la journaliste Ghita Ismaili et moi-même avions eu du mal à trouver des personnes pour illustrer l’article. Nous avions rencontré Driss Ch. plus tôt dans la journée, au souk local. Il nous avait expliqué les circonstances de l’inondation, un drame qui a emporté son oncle. Il nous a alors proposé de partir à la rencontre de ses enfants, deux frères qui, malgré la tragédie, ont accepté de poser. On s’est dirigés sur les lieux et j’ai seulement demandé à Youssef (au milieu) de regarder de côté. Ce n’est jamais évident de faire poser des personnes dans de telles circonstances. Malgré cela, ils ont été très ouverts. Quand tu parviens à sympathiser avec les gens et à expliquer ce que tu fais, c’est plus simple de travailler.” (“Tizert : le jour d’après”, TelQuel n°870, du 6 septembre)
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“C’est un sujet auquel je tenais vraiment. Sur Instagram, j’ai commencé à voir de nombreuses publications de groupes de femmes portant cet habit traditionnel et qui, chaque semaine, se donnaient rendez-vous dans une ville différente pour organiser des sorties afin de lutter contre l’acculturation vestimentaire venue des pays du Golfe. J’ai pris contact avec l’une d’elles à Salé, qui m’a prévenu que deux semaines plus tard elles viendraient à Casablanca. Normalement, elles n’acceptent pas que la presse assiste à leur marche, mais elles étaient intéressées par mon projet et les photos que je pouvais réaliser. Il y a quelque chose de très visuel avec le haïk, renforcé par l’architecture de la médina. Le noir et blanc, ici, permet de jouer pleinement sur les émotions, renvoyant à une certaine nostalgie. Je marchais au-devant du groupe et j’ai placé ma focale sur la personne au milieu, avec son voile blanc. Elle était nimbée par une belle lumière qui pouvait contraster avec les femmes qui sont à côté". (“Quand le haïk fait son “flashback””, TelQuel n°858 du 17 mai)
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“La photographie a été prise à la fin du match alors que j’étais redescendu sur le terrain. Plus tôt, j’ai pu faire des photos des différents tifos réalisés par les supporters des deux équipes, au bord du terrain et depuis la tribune de presse. Mais là, en voyant le mouvement de foule des supporters du Wydad, j’ai anticipé et pris place sur un petit muret derrière le banc de touche”. (“Wydad-Raja : Diaporama d’un derby extraordinaire !”, TelQuel n°882, du 29 novembre)
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"Le fameux portrait ! C’est une actrice que j’apprécie beaucoup, et quand la journaliste Kaouthar Oudrhiri m’a annoncé qu’on allait faire son interview, j’étais heureux (rires). Nous avions peu de temps, et au moment de prendre la photo, il ne restait que quinze minutes pour qu’elle aille se changer et rejoindre le tapis rouge du Festival. La photo a été prise dans un couloir du riad où nous l’avions rencontrée. J’ai vu une porte, à l’étage, qui donnait sur un salon qui n’était pas éclairé. J’ai alors demandé à Tilda Swinton de s’y positionner au centre. Elle a posé de trois quarts et il n’y avait plus qu’à déclencher. D’habitude, je prends des photos en noir et blanc, mais elle a une couleur de peau si particulière et des cheveux roux qui ne le nécessitaient pas". (“Tilda Swinton et ses performances démentes”, TelQuel n°883, du 6 décembre).
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“Ce sont des photos qui ont été compliquées à réaliser. Je me suis d’abord déplacé à Tanger, où habite Dina, pour la photographier. Elle était accompagnée d’un ami à elle, également trans, et craignait qu’on fasse les photos à son domicile, de peur qu’un voisin ou un concierge n’appelle la police. J’ai alors pensé prendre les photos dans une chambre de l’hôtel où je logeais, mais là aussi, on s’est rendu compte que ce serait tout aussi compliqué. Si un employé nous surprenait à aller dans la chambre de l’un ou l’autre, on pouvait avoir des problèmes, d’autant qu’ils avaient nos identités. On était le mardi et le magazine devait être bouclé le jeudi soir. Je leur ai proposé de venir à Casablanca, ce qu’elles ont accepté. La photo a été prise au domicile de l’une des journalistes qui ont réalisé le dossier. J’ai pris quelques clichés de Dina, qui posait tout naturellement. Avant qu’elle n’entre dans la chambre, j’ai remarqué qu’une photographie prise depuis le couloir pouvait être plus intéressante. La lumière qui entrait dans la pièce baignait un endroit précis.” (Trans : Mon corps, ma bataille”, TelQuel n°844, du 8 février)
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“En allant au Salon du cheval d’El Jadida cette année, j’avais une idée en tête : essayer d’avoir un regard différent des autres photographes, en me focalisant sur les mouvements. Cette photographie a été prise lors d’un spectacle spécial de chevaux espagnols, qui a eu lieu de nuit. La lumière est intéressante, surtout autour de la silhouette des chevaux.” (“Le Salon du cheval d’El Jadida en images”, diaporama publié sur telquel.ma le 22 octobre)
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J’ai pris l’initiative de me rendre à Hay Hassani, le lendemain de l’incendie. Sur place, j’ai d’abord fait un tour des dégâts pour chercher mon cadre. C’est généralement ainsi que je procède, en faisant un tour des lieux et en cherchant des cadrages. L’essentiel est de réussir à saisir des points de vue qui reflètent la réalité. Celui de la photographie me fait penser à une zone de guerre, notamment avec les matelas. Et puis il y a un jeu de couleurs avec le rose et le marron des matelas qui attirent d’emblée l’œil, au milieu de tout ce noir, de tous ces débris.” (“Au souk Ould Mina, les commerçants ont tout perdu”, TelQuel n°851 du 29 mars)
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et des reportages sur le sujet. Ce photoreportage a été fait durant le mois de ramadan où, pendant trois jours, je venais photographier une ou deux heures avant la rupture du jeûne. L’enfant qu’on voit est hyperactif, débordant d’énergie. Un type m’a dit qu’il passait toutes ses journées à faire du skate. J’ai eu l’idée de les faire poser pour illustrer le décalage générationnel, mais aussi pour montrer que des personnes plus âgées peuvent pratiquer un sport considéré comme réservé aux jeunes" (“Nevada, le Pérou des skaters”, TelQuel n°860, du 31 mai)
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“C’était un jour où le festival était rempli, avec une ambiance électrique. À ce moment-là, j’étais sur les barrières, entre la scène et le public. Impossible de rentrer au milieu de la foule, sinon je pouvais dire adieu à mon appareil (rires) ! L’Boulevard, c’est un moment que j’aime beaucoup. On y voit des façons de s’habiller différentes, des codes, des coupes de cheveux et des styles qui évoluent d’une année à l’autre, tant chez les filles que chez les garçons. Et puis, je commence à y être connu (rires). Ça m’arrive souvent d’y rencontrer des gens qui me reconnaissent et viennent vers moi pour me saluer ou me dire que je les ai photographiés l’année précédente." (“L’Boulevard 2019 : les moments forts en images”, diaporama publié sur telquel.ma le 24 septembre)