Le 20 juin 2022, la Belgique restitue officiellement aux autorités congolaises une dent : le dernier vestige de la dépouille de Patrice Lumumba, héros de l’indépendance assassiné en 1961. Ce geste, qui se veut un acte de reconnaissance, révèle surtout l’ambiguïté des discours de réparation portés par l’ancien colonisateur.
Samy Manga, écrivain, artiste et militant écologiste camerounais, s’attarde sur la persistance des injustices, entre amnésie orchestrée et fausses excuses diplomatiques, tout en mettant en lumière les combats des nouvelles générations pour une reconnaissance réelle des crimes coloniaux.
Loin d’un simple essai historique, La dent de Lumumba est une invocation : l’auteur transforme l’écriture en rituel sacrificiel. Il utilise un langage percutant et engagé pour interroger la mémoire collective et exiger une véritable justice. La dent est le symbole macabre de l’oppression coloniale et de la falsification de l’histoire, et l’ouvrage, un pilori littéraire pour juger les responsables de cette spoliation mémorielle.
Samy Manga dénonce l’hypocrisie des narrations officielles et convoque, par son écriture poétique et incisive, les fantômes du colonialisme, dont les violences continuent de hanter les sociétés postcoloniales.
«La dent de Lumumba»
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Un acte de mémoire et de justice
La préface des sociologues Véronique Clette-Gakuba et David Jamar replace cette restitution dans un contexte plus large : celui des stratégies utilisées par l’État belge pour “tourner la page”, sans assumer pleinement sa responsabilité.
Ils analysent comment les anciens empires coloniaux manipulent les récits de pacification pour éviter un véritable travail de mémoire et de justice. Cette mise en perspective sociologique donne au texte de Samy Manga une profondeur critique supplémentaire.
Au-delà de la restitution d’un simple fragment osseux, La dent de Lumumba s’attaque au cœur du récit colonial et aux mécanismes de domination qui perdurent à travers les siècles. Samy Manga ne se contente pas de dénoncer, il appelle à la résistance, à la réappropriation de l’histoire et à une réparation authentique.
En mettant en lumière les luttes de celles et ceux qui refusent l’oubli, il fait de son œuvre un véritable acte de mémoire et de justice.
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La dent de Lumumba, de Samy Manga, aux éditions La Croisée des chemins.
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