Alger, dernier rempart des tyrans ?

L’Algérie n’a pas honte de ses alliances dépassées. Tandis que le monde regarde avec espoir les derniers régimes autoritaires vaciller, Alger reste fidèle à ses vieux réflexes : soutenir des dictatures jusqu’à la dernière cartouche. Dernier exemple en date ? Le régime syrien de Bachar al-Assad. Le 3 décembre, dans un communiqué officiel, l’Algérie réaffirmait sa “solidarité inébranlable” avec la “nation sœur”, alors même que le tyran de Damas, isolé, lutte pour sa survie.

Cette position embarrassante n’est pas un accident. Depuis des décennies, l’Algérie a fait de la posture anti-démocratique un pilier de sa politique étrangère. Il y a une logique dans cette obsession : défendre Assad, c’est se défendre soi-même. Quand on muselle ses opposants, écrase ses journalistes et arrête ses étudiants, la solidarité entre régimes autoritaires n’est plus seulement un choix, c’est une nécessité. Une gouvernance qui préfère les bottes militaires aux urnes démocratiques.

Le paradoxe algérien est cruel. À l’extérieur, Alger joue les champions de l’autodétermination. À l’intérieur, elle réprime toute voix qui ose réclamer liberté et dignité. Qui a oublié la brutalité avec laquelle les manifestations du Hirak ont été étouffées ? Ce mouvement pacifique, porteur d’espoir, a été balayé d’un revers de main par une élite accrochée au pouvoir comme une ombre à ses vieux privilèges.

Marwane El Bouzdaini, économiste et auditeur de métier.

Mais si l’hypocrisie s’arrêtait là… Non. L’Algérie s’est également érigée en trouble-fête régional, au détriment de son propre peuple. Depuis les années 70, Alger s’obstine à financer un séparatisme artificiel autour du Sahara marocain, soutenant cette agitation par pur calcul politique. Pendant que ses voisins s’engagent dans des dynamiques de développement économique et d’intégration régionale, l’Algérie reste prisonnière de ses vieilles obsessions.

Combien cette politique coûte-t-elle au peuple algérien ? Des milliards engloutis pour financer une cause perdue, pendant que les jeunes Algériens continuent d’émigrer en masse, faute d’opportunités. Les hydrocarbures s’épuisent, l’économie peine, et l’avenir s’assombrit. Mais plutôt que de se réinventer, Alger préfère s’entêter dans un rôle de perturbateur, isolant un peu plus le pays sur la scène internationale.

L’Histoire, pourtant, avance. Le monde change. Les régimes autoritaires tombent, les peuples se réveillent, et les alliances idéologiques d’hier s’effondrent. Pendant que d’autres nations bâtissent des ponts, l’Algérie se construit des murs. Pendant que ses voisins modernisent, elle s’enferme dans ses vieilles querelles.

Le peuple algérien mérite mieux. Il mérite un État qui travaille pour lui, pas contre lui. Il mérite un pouvoir qui regarde vers l’avenir, pas vers les cendres d’un passé révolu. Il mérite, enfin, un État qui écoute ses aspirations, pas un régime qui rêve encore de protéger ses vieux complices autoritaires.

En défendant Assad, l’Algérie ne défend pas une nation sœur. Elle défend son propre reflet. Mais pour combien de temps encore ?