Le patron du groupe OCP Mostafa Terrab a scellé, dans la soirée du lundi 28 octobre, au Palais royal de Rabat, deux accords stratégiques avec la France, lors d’une cérémonie présidée par le roi Mohammed VI et le président français Emmanuel Macron.
Le premier est un protocole d’accord signé avec Isabelle Bébéar, directrice des Affaires internationales et européennes de Bpifrance, et l’Agence française de développement (AFD). Il vise à renforcer le “partenariat ambitieux” entre les trois parties signataires afin d’“accompagner la décarbonation du tissu industriel marocain et le développement d’une agriculture durable, inclusive et respectueuse de l’environnement et de la biodiversité, au service de la sécurité alimentaire du continent africain”, a fait savoir OCP.
Il a pour objectif de soutenir, via l’utilisation d’outils de financement, d’investissement et de garanties, des projets stratégiques développés par le groupe OCP, en collaboration avec des entreprises françaises. Selon la MAP, l’accord porte sur un montant de 350 millions d’euros via un appui à la plateforme Agrifinance du groupe OCP.
Le protocole d’accord prévoit également la création d’un fonds d’investissement de 50 millions d’euros par Bpifrance et InnovX, filiale de l’Université Mohammed VI Polytechnique (UM6P), détenue par la Fondation OCP, visant à investir dans des fonds soutenant des startups, PME et ETI innovantes en Afrique dans les secteurs agricoles et agroalimentaires, ainsi que dans les énergies vertes.
En lien avec ce fonds, Bpifrance et InnovX pourront également étudier la possibilité d’accompagner en co-investissement des startups et PME innovantes de leurs écosystèmes respectifs pouvant contribuer à la stratégie du plan d’investissement vert du Groupe OCP par le biais de collaborations technologiques avec les différentes entités de l’écosystème du Groupe OCP (InnovX, UM6P, etc.) sur des verticales ciblées au Maroc (hydrogène vert, carbon farming, stress hydrique, etc.).
Une “nouvelle étape”
“Capitalisant sur le succès d’un premier programme conjoint” dédié au plan hydrogène vert, porté par InnovX, filiale de l’UM6P engagée dans le développement d’entreprises et d’écosystèmes innovants et durables, Bpifrance renforcera sa collaboration avec l’ensemble du Groupe OCP afin d’“aboutir à un partenariat global au bénéfice de la stratégie d’investissement vert” du groupe OCP.
Cette coopération se fera notamment via le déploiement du programme Connect, porté par la direction Export de Bpifrance : un dispositif visant à renforcer les partenariats entre le groupe OCP et des entreprises françaises, notamment dans la mise en oeuvre de sa stratégie de décarbonation industrielle. Ce soutien inclura un accompagnement en financement et en garantie des projets portés par le groupe OCP au Maroc et ailleurs en Afrique, incluant des entreprises françaises.
L’AFD soutiendra également cette initiative à travers un soutien en financement, en ligne avec les ambitions de durabilité et de préservation des ressources naturelles partagées de part et d’autre par le Groupe OCP et l’AFD.
Ce partenariat marque, selon Mostafa Terrab, PDG de OCP, une “nouvelle étape dans notre engagement commun pour renforcer la souveraineté alimentaire et accélérer la transition énergétique de l’Afrique”. “Ensemble, nous mettons en place des solutions novatrices qui bénéficieront à la fois aux producteurs agricoles et aux industriels, tout en respectant les objectifs de durabilité. En alliant l’expertise et les ressources du Groupe OCP, de Bpifrance et de l’AFD, nous ouvrons de nouvelles perspectives pour une croissance inclusive, durable et résiliente en Afrique”, a-t-il ajouté.
Pour Isabelle Bébéar, la signature de ce protocole d’accord est une “pierre de plus qui vient fortifier le partenariat bilatéral franco-marocain sur deux filières stratégiques communes : la sécurité alimentaire et la décarbonation du tissu industriel au Maroc et plus largement en Afrique”.
Quatre projets industriels avec Engie
Un second accord de développement commun a été signé par la suite entre le patron du groupe marocain et la directrice générale d’Engie, Catherine MacGregor, dans le domaine de la transition énergétique. Selon OCP, ce joint development agreement (JDA) représente une “étape majeure” pour lancer plusieurs projets ambitieux d’énergie renouvelable, de stockage d’énergie, d’hydrogène et d’ammoniac verts, d’infrastructures électriques et de dessalement durable, mais aussi pour déployer un agenda de Recherche & Innovation (R&I) autour de ces thématiques.
Le JDA vise en premier lieu à co-développer et gérer quatre projets industriels d’envergure, “en cohérence avec la stratégie de décarbonation” du groupe OCP :
• Le développement d’une capacité de production d’électricité issue de sources renouvelables, en association avec des solutions de stockage pour assurer la flexibilité du réseau énergétique du groupe OCP.
• La création d’infrastructures électriques intra-sites reliées à ces nouvelles sources d’énergie renouvelable.
• Le développement d’une capacité de production d’ammoniac vert. Le projet étudiera en parallèle la faisabilité de production d’autres dérivés de l’hydrogène vert, tels que l’e-méthanol ou les e-SAF entre autres.
• Le développement de capacités de dessalement de l’eau destinées à un usage agricole pour les régions où le groupe OCP opère.
L’accord inclut également le déploiement d’un agenda de recherche et d’innovation pour renforcer la compétitivité de cette collaboration et créer des opportunités innovantes. Il contribuera ainsi au “renforcement de l’écosystème industriel local et à la création de nouvelles opportunités aussi bien pour les entreprises que pour leurs partenaires nationaux et internationaux”, souligne OCP.
Cet accord, qui concerne les activités de OCP, couvre 5 projets : “réseau de transmission électrique”, “hydrogène vert”, “électricité verte”, “dessalement à usage agricole” et “recherche et innovation”.
Selon le groupe OCP, le JDA envisage également la création potentielle d’une joint-venture avec Engie.