Olive et David grandissent dans une maison perchée sur les hauteurs du Loiret, un lieu qui semble isolé du reste du monde, mais d’où l’on peut entendre, en contrebas, le Loing qui coule paisiblement et les trains qui grondent. Ce cadre, à la fois paisible et oppressant, devient le théâtre des émotions intenses et des tourments qui animent les deux enfants, qui partagent une profonde complicité.
Olive décrit les années passées aux côtés de son jumeau, en proie à des crises de colère et d’angoisse. Chaque jour, elle l’observe se débattre contre une force invisible qui semble l’étouffer. Il hurle, frappe, tente de s’enfuir, comme s’il cherchait à échapper à un monde qui ne lui convient pas.
Cette souffrance inexpliquée devient le centre de l’univers d’Olive, qui, malgré son inquiétude, ressent pour son frère une profonde affection. Leur relation est teintée d’une immense complicité, une sorte de fusion silencieuse qui les aide à affronter les épreuves de la vie.
À travers les yeux d’Olive, on découvre l’amour inconditionnel qu’elle porte à son frère, ainsi que la peur de le voir sombrer. Les jumeaux partagent un monde d’imagination et de rêves, un refuge où ils se transforment en train ou en grive, des symboles de liberté qui leur permettent d’échapper à la réalité qui les oppresse.
Pour eux, ces métamorphoses sont des tentatives de survie, des façons de résister à la violence et à la brutalité de l’enfance. Olive, en particulier, s’accroche à l’espoir que ces métaphores leur permettront de s’élever au-dessus de leurs difficultés, de transcender les blessures.
Un hommage à la résilience des enfants
Leur complicité, aussi puissante soit-elle, ne suffit pas à les protéger du monde extérieur. La violence que David subit et qu’il inflige semble s’intensifier, et Olive se retrouve désemparée, incapable de l’aider. La nuit de leurs dix ans, un point de non-retour est atteint, qui marque la fin de leur enfance et le début d’une nouvelle réalité.
Cette nuit, fatidique et chargée d’émotions, devient le symbole d’un passage, d’une perte d’innocence et d’un adieu à l’univers qu’ils avaient construit ensemble. La nuit de David est un hommage à la résilience des enfants, à leur capacité à rêver et à s’inventer des mondes pour échapper à la dureté du réel.
C’est aussi un récit sur le deuil de l’enfance, sur ce moment où l’on comprend que l’on ne peut pas toujours sauver ceux que l’on aime, et que parfois, il faut apprendre à les laisser partir. Le second roman de la Casablancaise Abigail Assor, finaliste du Goncourt du premier roman pour Aussi riche que le roi, touche par sa justesse, sa sensibilité, et la manière dont il parvient à saisir les instants fugaces qui façonnent nos vies, faisant de cette œuvre un témoignage poignant sur la force et la fragilité des liens qui nous unissent.
«La nuit de David»
Abigail Assor
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La nuit de David, de Abigail Assor, aux éditions Gallimard.
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