CAN 2023 : on ne change pas (ou rarement) les équipes qui gagnent

La CAN est une compétition paradoxale. Alors que des favoris se distinguent, selon leurs états de forme, les champions sont quasiment toujours les mêmes. Au cours des différentes éditions, le trophée ne change pas souvent de mains, à l’exception de la surprise Afrique du Sud (1996) et de la Zambie d’Hervé Renard (2012), la CAN revient souvent aux habitués.

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Les Lions de la Teranga, au moment de leur sacre, en 2022. Crédit: DR

Côte d’Ivoire : l’union après le vide générationnel

Ibrahim SangaréCrédit: DR

Depuis l’âge d’or des Drogba et des frères Touré couronnés par un titre en 2015, c’est le vide générationnel qui plombe le football ivoirien depuis la retraite de ses héros.

Mais en tant que pays hôte de la CAN pour la deuxième fois de son histoire après 1984 (fiasco sportif), la Côte d’Ivoire se présente comme un sérieux prétendant au titre, et on ne peut que confirmer ce statut après la performance des Ivoiriens face au Maroc (1-1) en octobre dernier.

A domicile, les Éléphants pourront compter sur le soutien de leur 12e homme dans leur quête d’une troisième étoile, mais aussi à une génération de joueurs au pic de leur forme, comme Frank Kessié (Al Ahly), Seko Fofana (Al Nasr) et Ibrahim Sangaré (Nottingham Forest), probablement le milieu le plus solide du continent.

Menés par l’expérience de Jean-Louis Gasset, l’équipe ivoirienne est montée en puissance au fil des cinq derniers matchs. En octobre, elle a poussé le Maroc demi-finaliste du Mondial dans ses retranchements (1-1) avant d’écraser les Seychelles 9-0 à domicile.

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Maroc, le vœu d’une nation

Les Marocains veulent la Coupe d’Afrique. Terminer au pied du podium du Mondial 2022 a beau être une performance extraordinaire pour une équipe africaine, mais l’envie de goûter à nouveau à l’or africain est tout autre, l’ambition se heurte souvent à plus fort, des fois, elle s’éteint contre des inattendus comme face au Bénin en 2019.

Mais pour cette édition, le Maroc ne pourra pas se cacher. Demi-finaliste de la Coupe du Monde, le Maroc de Walid Regragui a tout pour aller au bout, à condition que la bonne étoile suive. Cette bonne étoile, que le sélectionneur a appelée « Niya » lors de l’épopée du Qatar, nous a souvent manqué lorsqu’il s’agit de bien faire en Coupe d’Afrique.

Depuis 1976, le Maroc a toujours été « un peu trop » court pour briguer l’or en Afrique. Et si cette génération était la génération bénie ? Bounou, Hakimi, Ziyech&co ne diront pas le contraire. Ils rêvent tous en grand, espèrent faire sortir les Marocains dans les rues, un an et quelques semaines après le miracle de Doha, ont-ils les armes pour ? Oui. Pourvu que cette fois-ci soit la bonne, en attendant l’édition de 2025, un bel été à la maison.

Sénégal, un tenant du titre prêt à récidiver

Tenant du titre, le Sénégal est logiquement le favori pour conserver sa couronne. Avec une moyenne d’une superstar par ligne, les Lions de la Teranga sont prêt à récidiver.

En remportant le titre au Cameroun, l’équipe d’Aliou Cissé a brisé le plafond de verre et a désormais plus que jamais faim de titres. Elle débarque en Côte d’Ivoire sur une dynamique positive, menée par son Sadio Mané national, avec une petite défaite au compteur sur les neuf derniers matchs, depuis son élimination du Mondial face à l’Angleterre.

Si les joueurs blessés vont mieux au fil de la compétition (Nampalys Mendy, Gana Gueye, Pape Matar Sarr, etc.), le Sénégal a tout pour aller jusqu’au bout.

Égypte, comme d’habitude

Avec sept étoiles sur le maillot, l’Egypte ne dispute jamais une CAN sans en être favorite. Sans strass, ni paillettes, Mohamed Salah et les siens nous ont habitués à monter en puissance au fil des matchs, pour se retrouver en finale, avec parfois le moindre effort (2017 et 2021). Mais pour être sacré, Mohamed Salah est souvent … un peu court.

Depuis l’arrivée de Rui Vitoria en tant que sélectionneur, l’équipe affiche un bilan impressionnant de 11 victoires, un match nul et seulement une défaite. De quoi rappeler à tout le monde qui est le patron sur le continent.

Bien que la génération dorée d’Aboutrika semble loin derrière, cette année, les joueurs égyptiens semblent décidés à se battre pour remporter une CAN pour l’offrir à leur héros national, Mohamed Salah (31 ans), qui brille de mille feux avec Liverpool, sans pouvoir pour autant goûter un succès avec son équipe nationale. Comme un petit air de l’Argentine 2022…

Algérie, les Fennecs revanchards

Invaincus depuis 13 matchs, avec en bonus une victoire de prestige face au Sénégal champion d’Afrique, les Fennecs de Belmadi débarquent à Abidjan avec le couteau entre les dents. Voir le Maroc atteindre les demi-finales de la Coupe du Monde l’hiver dernier a sûrement titillé l’orgueil des Verts, champions d’Afrique en 2019.

Depuis l’échec aux éliminatoires du Mondial 2022, Belmadi a changé de formule, en misant sur la fougue des jeunes binationaux, en plus de l’indéniable expérience des ténors, comme Islam Slimani, Riyad Mahrez, Aïssa Mandi et Ismael Bennacer.

L’entrejeu renforcé par Houssem Aouar, le milieu de l’AS Rome qui a opté pour l’Algérie, est l’un des points forts de cette sélection revancharde après l’échec de la dernière CAN et l’élimination du premier tour. Opération rédemption.

Nigéria, les aigles et leur ballon d’or

Victor OsimhenCrédit: DR

Éliminés en huitièmes de finale il y a deux ans (défaite 0-1 contre la Tunisie), les Super Eagles restent sur un goût d’inachevé alors qu’ils avaient l’allure de grand favori. Ils disposent des atouts nécessaires avec la présence cette fois-ci du Joueur africain de l’année, Victor Osimhen, grand absent de la dernière édition.

L’équipe dirigée par José Peseiro compte également sur sa « super attaque ». Car à côté du Ballon d’Or africain, Samuel Chukwueze (AC Milan), Victor Boniface (Bayer Leverkusen) et l’intenable Moffi de l’OGC Nice, sont prêts à en découdre. Mais si l’attaque promet des étincelles, la défense des Super Eagles inquiète, et l’esprit d’équipe fait souvent défaut aux triple champions d’Afrique.

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