Israël prévient que la guerre à Gaza durera “plus que quelques mois”

Le ministre israélien de la Défense a prévenu, jeudi 14 décembre, que la guerre contre le Hamas à Gaza durerait “plus que quelques mois”, à l’arrivée d’un émissaire américain venu exprimer les inquiétudes des États-Unis face aux lourdes pertes civiles dans le territoire palestinien assiégé.

Par

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant. Crédit: Yoav Gallant / X

L’armée israélienne doit trouver un moyen de réduire l’intensité de ses frappes, a suggéré Jake Sullivan, le conseiller américain à la sécurité nationale, avant son arrivée à Jérusalem où il a rencontré le Premier ministre Benjamin Netanyahu.

Israël a déclaré la guerre au Hamas, au pouvoir dans la bande de Gaza, en riposte à l’attaque sanglante menée sur son sol le 7 octobre par le mouvement islamiste, qui a fait 1200 morts, en majorité des civils, selon les autorités. Le nombre de morts à Gaza approche désormais 18.800, à 70 % des femmes, des enfants et adolescents, tués par les bombardements israéliens, d’après le ministère de la Santé du Hamas.

L’armée a indiqué avoir mené jeudi des “interventions ciblées” sur plusieurs sites aux alentours de Khan Younès, la grande ville du sud de la bande de Gaza. Selon le ministère de la Santé du Hamas, 67 personnes ont été tuées durant la nuit de mercredi à jeudi à travers le territoire.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, qui a rencontré ce jeudi Sullivan, a prévenu que la guerre à Gaza “durerait plus que quelques mois”.

Et de déclarer : “Le Hamas est une organisation terroriste qui s’est construite au cours d’une décennie pour combattre Israël et qui a mis en place des infrastructures souterraines et aériennes qu’il n’est pas facile de détruire. Cela prendra du temps — plus que quelques mois — mais nous vaincrons et nous détruirons” le Hamas.

Le secrétaire américain à la Défense, Lloyd Austin, est également attendu sous peu en Israël tandis que la cheffe de la diplomatie française, Catherine Colonna, doit se rendre au Liban samedi et en Israël dimanche. L’armée israélienne a lancé le 7 octobre une campagne de frappes aériennes dévastatrices sur la bande de Gaza, et mène en parallèle depuis le 27 octobre une offensive terrestre contre le Hamas, concentrée dans un premier temps dans le nord puis étendue à l’ensemble du territoire.

Vers une “érosion” du soutien à Israël ?

Quelque 240 personnes ont aussi été enlevées et emmenées à Gaza le jour de l’attaque, dont 135, selon l’armée, sont toujours aux mains du Hamas et de groupes affiliés après la libération de 105 otages pendant une trêve de sept jours qui a pris fin le 1er décembre.

L’armée a annoncé jeudi que 116 soldats avaient été tués depuis le début de l’offensive terrestre. Après une résolution non contraignante, massivement adoptée mardi par l’Assemblée générale de l’ONU pour appeler à un cessez-le-feu à Gaza, les initiatives diplomatiques se multiplient.

à lire aussi

Fervents soutiens des Israéliens et opposés à un cessez-le-feu dans l’immédiat, qui selon eux laisserait au Hamas le contrôle du territoire, les États-Unis ont exprimé ces derniers jours leur impatience, le président Joe Biden critiquant des “bombardements aveugles” et évoquant une possible “érosion” du soutien occidental à Israël.

Des combats au sol ont été observés pendant la nuit de mercredi à jeudi autour de Deir al-Balah, dans le centre de la bande de Gaza, ainsi qu’à l’est de Bani Suhaila et dans les environs de Khan Younès, dans le sud, par des journalistes de l’AFP. D’après Keren Hajioff, un porte-parole de l’armée israélienne, les soldats ont découvert “de vastes dépôts d’armes et des tunnels dans de multiples écoles”.

Israël affirme que le Hamas utilise comme bases des bâtiments civils, comme des hôpitaux, des écoles et des mosquées, ce que le mouvement islamiste dément. Des sirènes ont de nouveau retenti jeudi pour signaler des tirs de roquettes depuis Gaza vers le sud d’Israël. Les dirigeants israéliens, dont Netanyahu, ont répété mercredi que leur pays poursuivrait “jusqu’au bout” sa guerre pour anéantir le Hamas, classé organisation terroriste par les États-Unis, l’Union européenne et Israël notamment.

Pas d’après guerre sans Hamas

Mais le chef du Hamas, Ismaïl Haniyeh, en exil au Qatar, a qualifié d’“illusion” tout plan d’après-guerre qui imaginerait Gaza sans son organisation et les autres “mouvements de résistance”. Dans un discours, Haniyeh s’est toutefois dit ouvert à des discussions sur “une voie politique qui assurerait le droit des Palestiniens à un État indépendant avec Jérusalem pour capitale”. Une éventualité fermement rejetée par Israël.

Dans la bande de Gaza, les civils sont acculés dans des zones toujours plus petites, cherchant désespérément à échapper aux frappes et confrontés à des conditions humanitaires désespérées.

Hassan Bayyout, un habitant de Khan Younès, inspectait jeudi les dégâts causés par une frappe israélienne. “Un avion a frappé le bâtiment sans avertissement et il a été complètement détruit. Environ quatre personnes sont encore coincées sous les décombres”, a déclaré à l’AFP cet homme de 70 ans.

À l’extrême sud de la bande de Gaza, à Rafah, la ville frontalière avec l’Égypte, transformée en un vaste camp de déplacés, Abu Muhammad Abu Dabaa, 53 ans, se recueille sur les dépouilles de victimes. “La frontière avec l’Égypte n’est qu’à 300 mètres. Ils nous ont dit de venir du nord au sud et nous voilà à l’extrême sud. Où est la zone de sécurité ?”, lance-t-il.

Selon l’ONU, environ 85 % des 2,4 millions d’habitants du petit territoire ont été déplacés, beaucoup plusieurs fois depuis le début de l’offensive israélienne.