Depuis sa création en 2021, la CACS de Dakhla se veut un levier de marketing territorial de la région. Quelle est votre feuille de route pour réussir ce pari de promotion régionale ?
La Chambre Africaine de Commerce et de Services de Dakhla (CACS) a été créée en 2021 par un premier noyau d’opérateurs économiques issus de la Guinée Conakry, du Tchad, du Togo, du Maroc, de France et de Mauritanie. Sa mission est de participer au rayonnement de la région de Dakhla-Oued Eddahab et à son marketing territorial.
L’objectif est de contribuer, en synergie avec les autres institutions et organisations, à valoriser l’attractivité de la région auprès des investisseurs, des touristes et des compétences. L’enjeu est de capitaliser sur les investissements massifs des pouvoirs publics dans le cadre du Nouveau modèle de développement des provinces du Sud inauguré par Sa Majesté en 2016.
Le Plan de développement régional et ses mises à jour successives tracent les contours d’une dynamique territoriale inédite, marquant une transformation structurante à l’horizon 2035 et qui positionne la région en tant que hub majeur entre le continent africain et le reste du monde.
Quels sont les pré-requis que la région de Dakhla doit développer pour se targuer de cette ambition de hub africain ?
« Le projet de l’Aérocity d’El Argoub a vocation d’ouvrir la région sur un périmètre géographique immédiat couvrant les capitales régionales de Mauritanie, Mali, Sénégal, Iles Canaries et Burkina Faso“
La stratégie 2035 de Dakhla capitalise sur plusieurs axes stratégiques nécessaires à l’émergence de la région en tant que hub africain d’interconnexion avec le monde. Le premier est le hub aérien. Le projet de l’Aérocity d’El Argoub a vocation de domicilier des vols régionaux permettant d’ouvrir la région sur un périmètre géographique immédiat couvrant les capitales régionales de Mauritanie, Mali, Sénégal, Iles Canaries et Burkina Faso.
Le second hub est maritime, à travers le déploiement du futur port de Dakhla Atlantique qui permettra de connecter les routes maritimes venant de la Méditerranée au niveau de Tanger Med et les principaux ports de la façade atlantique africaine aux ports des Amériques dans un schéma qui rappelle les lignes aériennes de l’Aéropostale. Le troisième volet d’interconnexion est le hub routier qui sera opérationnel avec l’achèvement de la voie express Agadir-Guerguerat. Ce maillon routier connectera la région au corridor routier reliant la Mauritanie au Sénégal et aux pays du Sahel.
Au-delà des chantiers des infrastructures multi-accès à la région, Dakhla est reconnue historiquement comme destination touristique. Dans quelle mesure les investissements de l’écosystème touristique arrivent à suivre cette explosion du flux de ses visiteurs ?
Dakhla est une destination à vocations multiples. D’ailleurs, son atout historique touristique n’est plus à démontrer, grâce à ses richesses naturelles exceptionnelles, ses plages magnifiques et ses vagues parfaites pour la pratique des sports nautiques, notamment le surf et le kitesurf.
Cette attractivité naturelle explique la croissance exponentielle des investissements réalisés cette dernière décennie pour développer les infrastructures touristiques, avec la construction d’hôtels de luxe et de centres de villégiature. L’ouverture prochaine de nouvelles lignes nationales et internationales va permettre de soutenir la dynamique de croissance du flux des arrivées de touristes sur la région.
“Plus intéressant, Dakhla se positionne aussi en tant que destination de tourisme médical d’excellence en Afrique avec l’ouverture annoncée d’une clinique d’Akdital, de la clinique internationale et d’un CHU”
Plus intéressant, Dakhla se positionne aussi en tant que destination de tourisme médical d’excellence en Afrique avec l’ouverture annoncée d’une clinique d’Akdital, de la clinique internationale et d’un CHU. Ces infrastructures de soins seront accessibles à un bassin démographique pouvant concerner la Mauritanie, le Sénégal, le Burkina Faso et le Mali.
L’infrastructure et le tourisme ne sont pas les seuls atouts de la région. La zone franche West Africa Free Zone est-elle suffisante pour faire émerger Dakhla comme hub du commerce international ?
Sans conteste, Dakhla conforte son positionnement en tant que destination du commerce international et ce, grâce au développement sur les années à venir des 1000 hectares de la West Africa Free Zone dédiée au commerce. Les opérateurs et particulièrement ceux du Sahel et de l’Ouest Africain auront un accès à des zones de stockage et de conditionnement qui leur offrent des opportunités de s’insérer durablement dans la chaîne logistique mondiale rendue possible par le port de Dakhla Atlantique.
D’ailleurs, la West Africa Free Zone disposera de deux zones relais au niveau de Bir Guendouz et de Guergarat pour s’installer sur le corridor routier qui relie le futur port aux marchés destinataires. Ce schéma sera valable non seulement pour l’import mais surtout pour l’export à travers notamment la connexion avec le corridor routier.
Profil : Abdelmounaim Faouzi, une carrière dans le conseil et le digital
Abdelmounaim Faouzi est le président fondateur de Yool Education, la première école numérique interactive en Afrique. Après une longue carrière dans le conseil et les nouvelles technologies, Abdelmounaim Faouzi est impliqué depuis 2016 dans l’accompagnement du Conseil régional de Dakhla-Oued Eddahab en matière de stratégie de développement territorial.
Il préside la Chambre Africaine de Commerce et de Services (CACS) de Dakhla, un outil mis en place pour soutenir le marketing territorial et pour opérationnaliser la vision de Dakhla Hub pour l’Afrique.
Abdelmounaim Faouzi, lauréat de l’Ecole supérieure des Mines (ENIM) de Rabat en 1993, est un entrepreneur actif dans le secteur de l’immobilier industriel, l’éducation, la formation professionnelle et l’autonomisation économique des jeunes.