L’ouverture de consulats à Dakhla va bon train. Aujourd’hui, ce sont près d’une trentaine de pays qui ont installé ou annoncé leur décision d’installer une représentation diplomatique dans le Sahara. Près de la moitié ont porté leur choix sur Laâyoune. Le reste a décidé d’installer une représentation diplomatique à Dakhla. La ville est ainsi devenue également un hub consulaire et diplomatique du Maroc, tout en contribuant à la reconnaissance de la souveraineté marocaine à travers le monde.
A Dakhla comme à Taza
Des consulats au Sahara ? Qu’en penserait la communauté internationale ? L’idée paraissait initialement saugrenue. Mais, surtout, pourquoi ces deux villes, lorsque d’autres localités dans le Nord du pays auraient pu être plus adaptées ? “Cela reflète le statut de villes comme Laâyoune et Dakhla aux yeux de ces pays amis du Maroc. Pour ces pays, ce sont deux villes d’importance comme pourraient l’être Fès, Meknès ou encore Tanger”, nous explique un ancien diplomate.
Aujourd’hui, ce sont donc 28 pays qui ont décidé de consacrer l’importance de Dakhla et Laâyoune, en y ouvrant des représentations diplomatiques
Aujourd’hui, ce sont donc 28 pays qui ont décidé de consacrer l’importance de ces deux villes et ce, dans le respect de la loi internationale. Car l’installation de consulats est régie par l’article 4 de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, lequel dispose qu’“un poste consulaire ne peut être établi sur le territoire de l’Etat qu’avec le consentement de cet État”.
Au-delà de l’approfondissement des relations diplomatiques entre les pays représentés au Sahara et le Maroc, l’installation de ces consulats est aussi un renforcement de la légitimité marocaine sur cette partie de son territoire. “Il y a dans ce geste une reconnaissance explicite de la souveraineté marocaine sur les provinces du Sud et c’est aussi de leur part un acte d’Etat souverain”, résumait l’ancien ambassadeur du Maroc auprès des Nations Unies, Mohamed Loulichki, à TelQuel en février 2020.
Retour aux sources
Mais ces consulats n’ont pas pour objectif de “faire plaisir”, ils ont un rôle concret. À l’occasion de l’ouverture du consulat de la Côte d’Ivoire à Laâyoune, le porte-parole du gouvernement ivoirien avait affirmé que la représentation diplomatique permettrait de rapprocher davantage son pays de ses ressortissants qui vivent dans le Sud du Royaume.
Les consulats viendraient donc jouer leur rôle traditionnel, à savoir offrir une assistance consulaire à leurs citoyens vivant ou traversant la région, notamment ceux opérant au sein des industries hôtelières dans la région de Dakhla.
Car le Sud du pays est vu d’un œil nouveau par les pays d’Afrique subsaharienne. Depuis l’intervention des Forces armées royales à Guerguerat pour évincer des membres du Polisario en novembre 2020 et la mise à niveau du passage dans la localité, le commerce routier passant par le Sud connaît une évolution positive, contribuant ainsi au renforcement des relations commerciales entre le Maroc et le reste du continent.
Et ce n’est pas tout. Car la région a aussi un potentiel économique susceptible d’intéresser les entreprises des pays dont des représentations sont installées dans les provinces du Sud. Au moment d’inaugurer le consulat de Centrafrique à Laâyoune, le chef de la diplomatie centrafricaine avait ainsi affirmé que la ville du Sud représentait une “plateforme économique intéressante” pour son pays.
Dakhla, son nouveau port et son potentiel énergétique, pourrait donc bien attirer de nouvelles représentations diplomatiques. C’est du moins ce que suggère notre ancien diplomate : “Initialement, les consulats n’avaient pas pour objectif d’accompagner des populations mais de permettre l’identification de potentiels investissements économiques. Et c’est sans doute ce qui se passe au Sahara”. Les consulats étrangers sont donc un gage supplémentaire du boom économique de cette région à très fort potentiel.
Comment le Tchad mise sur Dakhla
Invité d’honneur de la 3e édition de l’African Business Days qui se tient le 18 décembre à Dakhla, le Tchad fait partie des pays qui ont ouvert un consulat à Dakhla. La coopération avec le Tchad existe de longue date et couvre l’éducation, les TIC, la sécurité, le commerce et l’investissement, auxquels s’ajoute désormais la nouvelle route commerciale qui intéresse ce pays partenaire.
“Plus que jamais dans ce contexte où les routes vers la mer se ferment au Tchad, le gouvernement saisira cette occasion de la route ouverte vers l’océan Atlantique à travers le Maroc pour pouvoir mieux commercer avec le reste du monde et particulièrement avec le Royaume”, a ainsi expliqué à la télévision tchadienne le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement tchadien, Aziz Mahamat Saleh.
Signe de l’importance que revêtent les relations bilatérales, le Tchad à placé à Rabat pour le représenter un économiste à la longue carrière. Il s’agit de Hassan Adoum-Bakhit Haggar. Ce docteur en géographie économique (Université de Nice) a été conseiller technique chargé des affaires économiques et financières à la présidence de la République du Tchad.
Il a négocié notamment avec le consortium pétrolier et s’était vu confier ce dossier stratégique en tant que secrétaire général adjoint de la présidence de la République tchadienne. Il est l’auteur d’ouvrages spécialisés, dont Le Pipeline Tchad-Cameroun : histoire d’une grande infrastructure africaine et La communauté économique et monétaire des États de l’Afrique centrale (CEMAC), tous les deux publiés chez L’Harmattan.
À la CEMAC, il a assuré le pôle de commissaire en charge des politiques monétaires, puis commissaire en charge du département des infrastructures et du développement durable. Bref, un profil idoine pour superviser les nouvelles ambitions des deux pays africains.