Le mélange du politique et du religieux dans le monde musulman est devenu problématique au cours des dernières décennies. Cette problématique transcende largement les frontières géographiques et concerne de nombreux pays à majorité musulmane.

L’état des lieux que dresse le chercheur Mohammed Mouaqit dans ce livre n’est pas tant une remise en question de la légitimité de cette fusion, ni une tentative d’affaiblir ses prétentions idéologiques, mais plutôt une profonde réflexion sur les implications de cette interpénétration pour la société, la gouvernance, et la pensée critique dans le monde musulman.

L’islam a une dimension spirituelle et individuelle qui est profondément personnelle pour ses adeptes. Cependant, l’islam a également une dimension institutionnelle et culturelle qui a été intrinsèquement liée à la politique et à la gouvernance dans de nombreux pays musulmans.

Cette connexion entre la religion et le pouvoir politique a généré un grand nombre de défis, parmi lesquels l’absence de séparation entre la mosquée et l’État, l’influence de la loi religieuse sur la législation civile, et le manque de liberté religieuse pour les minorités.

La sécularisation, une dynamique interne de l’islam

La réflexion qui anime les textes rassemblés dans cet ouvrage fait de la sécularisation une dynamique interne à la réalité historique et culturelle de l’islam. Elle remet en question l’idée que la sécularisation serait un concept étranger ou opposé à l’islam, mais plutôt une évolution naturelle qui découle des contextes sociopolitiques changeants.

Elle fait dépendre la sécularisation des limites sociologiques de la vocation de la religion à régir la société et son organisation politique. Dans un monde en constante mutation, les textes de ce livre suggèrent que l’islam en tant que religion doit évoluer pour s’adapter aux réalités modernes, en accordant une plus grande importance aux valeurs universelles de justice, d’égalité et de droits de l’homme. En parallèle, les perspectives idéologiques et intellectuelles sont également cruciales pour comprendre la sécularisation de l’islam.

L’auteur aborde la sécularisation comme une perspective intellectuelle et idéologique, explorant comment les intellectuels, les penseurs et les théologiens musulmans réfléchissent sur la place de la religion dans la société moderne. Ils proposent des voies de sortie du théologico-politique, incitant à une pensée plus nuancée, plus critique et plus ouverte sur l’interaction entre l’islam et la modernité.

Après des études supérieures en droit à Paris II Assas, Mohammed Mouaqit obtient son doctorat d’État en 1984. Il a enseigné les sciences politiques jusqu’en 2020 à la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales de l’Université Hassan II Aïn Chok de Casablanca. Les thèmes dominants de ses recherches : la sécularisation, la démocratisation, le changement politique et juridique, la modernisation et la modernité et l’État de droit.

L’Islam est-il sécularisable ? de Mohammed Mouaqit, aux éditions La Croisée des chemins.

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