TelQuel : On voit beaucoup de vidéos circuler concernant des enfants — notamment des petites filles — victimes du séisme dont profiteraient des personnes mal intentionnées. Cela suscite un tollé sur les réseaux sociaux depuis 24 heures…
Narjis Benazzou : Effectivement, au milieu de cette grande mobilisation et de cet élan de solidarité de tous les Marocains pour venir en aide aux populations sinistrées d’Al Haouz, qui sont toujours sous le choc, nous avons constaté des agissements de personnes mal intentionnées, de prédateurs qui profitent de la vulnérabilité de la population et plus particulièrement des jeunes femmes et des petites filles.
Nous avons vu circuler des photos et des vidéos, et même des appels encourageant l’exploitation sexuelle de ces enfants et de ces femmes. Je qualifierais cela d’appels à la traite d’êtres humains.
On ne sait pas si ces photos ont été prises avec le consentement des parents quand il s’agit de personnes mineures mais, en tout cas, on a vu passer, sur les réseaux sociaux, certaines photos très suggestives et qui n’ont pas lieu d’être prises et diffusées.
Est-ce un phénomène que vous avez déjà observé lors de désastres humanitaires ?
Lors de catastrophes naturelles, les enfants et les jeunes filles victimes sont livrés à eux-mêmes, séparés de leurs proches et toujours traumatisés par les événements. Ils peuvent être victimes d’exploitation ou d’agression sexuelles puisqu’ils sont plus vulnérables. Tout cela est encore plus susceptible d’arriver lorsqu’il s’agit de régions éloignées et enclavées où les structures d’accompagnement et de suivi des enfants n’existent pas à la base.
Y a-t-il des processus au niveau des associations et ONG sur place afin de protéger ces enfants ?
Il est vrai que le plus gros des efforts fournis jusqu’à maintenant concernait surtout le désenclavement de la région touchée par le séisme, à savoir la réouverture des routes et secourir les blessés, fournir les besoins de base, tentes, couvertures et soins, mais des associations de psychologues (et des équipes spécialisées déployées par les autorités dans les hôpitaux de campagne, ndlr) sont également sur place. Ce sont des psychologues bénévoles qui se sont déplacés vers ces zones sinistrées afin d’accompagner et d’essayer de suivre les personnes traumatisées par le drame.
À notre niveau, nous demandons à toutes les personnes qui ont été victimes de tentatives d’agressions ou d’exploitation de ne pas hésiter à contacter des associations comme Touche pas à mon enfant ou SOS Villages d’enfants ou de contacter le CNDH pour signaler ces faits.