Lorsqu’elle atterrit ce 17 juillet sur le bureau du roi Mohammed VI, la missive de Benyamin Netanyahu concrétise la caution politique d’un nouvel allié. Comme s’il fallait encore un symbole, la lettre a été postée depuis le complexe Kiryat Ben-Gourion, le building administratif qui abrite le cœur du pouvoir à Jérusalem-est.
Un degré d’engagement sur la cause nationale du Maroc que l’État hébreu précise vouloir refléter “dans tous les actes et les documents pertinents du gouvernement israélien”, tant auprès de ses alliés que des organisations régionales et internationales.
Loin de s’arrêter là, le Premier ministre a dans la foulée, souligné que son administration examinait “positivement l’ouverture d’un Consulat dans la ville de Dakhla”. Signée par Netanyahu, la lettre met aussi fin à un atermoiement entre le royaume chérifien et l’État hébreu. Une triangulation sur l’axe Rabat-Washington-Tel-Aviv, avec Jared Kushner comme sherpa, avait conduit à la reconnaissance en 2020 par le président américain Donald Trump de la marocanité du Sahara en échange d’une normalisation avec Israël.
“Reconnaissance logique”
Cette normalisation des relations entre le Maroc et Israël a été amorcée avec la signature, la même année, des Accords d’Abraham parrainés par les États-Unis. Elle s’est par la suite renforcée au gré des visites de hauts responsables et des signatures d’accords dans de nombreux domaines économiques, sur la coopération politique et diplomatique, les sports, l’enseignement, la culture, jusqu’au très stratégique secteur de la défense et de la cyberdéfense.
Depuis, Rabat attendait que son nouvel allié israélien s’aligne sur la position américaine. “La reconnaissance par Israël de la souveraineté du Maroc sur le Sahara est logique puisqu’elle suit la normalisation entre Israël et le Maroc et est identique à la position des États-Unis”, souligne Philippe Velilla, essayiste et analyste vivant en Israël.
Et pourtant, près de trois ans après la reprise des relations entre Rabat et Tel-Aviv, ce démarrage en trombe avait vite laissé place à un malaise en sourdine. La faute à une asymétrie de vues dans les aspirations diplomatiques des deux capitales.
Depuis la normalisation, Tel-Aviv pousse pour obtenir directement une pleine ambassade et éventuellement l’ouverture d’une ambassade marocaine à Jérusalem-est. De son côté, Rabat nourrissait l’espoir d’engranger le soutien de ce nouvel allié au sujet du Sahara, le dossier le plus vital pour sa diplomatie. D’autant que, dans son discours pour le 69e anniversaire de la Révolution du roi et du peuple, Mohammed VI avait martelé une position de principe : reconnaissance, ou pas de partenariat.
Cette mise en garde royale intervenue après la reconnaissance des États-Unis a précipité le soutien affiché au plan d’autonomie marocain par de nombreux pays comme l’Espagne, l’Allemagne, les Pays-Bas, le Portugal, la Serbie, la Hongrie, Chypre et la Roumanie.
Longtemps hésitant à franchir le pas de la reconnaissance, Israël avait cependant multiplié les gestes de bonne volonté… Lire la suite