[Podcast] Islam et “société liquide” au menu du dernier Pause-R

Le podcast Pause-R de ce mois de juillet aborde la question de l'évolution de l'islam dans notre société liquide et en constante évolution. Les intervenants du podcast sont Asma Lamrabet, médecin, essayiste et ancienne directrice du Centre des études féminines en Islam au sein de la Rabita Mohammadia des Oulémas du Maroc, et Farid El Asri, anthropologue spécialisée en islamologie.

Par

Les intervenants font référence au concept de “société liquide” développé par le sociologue Zygmunt Bauman pour décrire les flux constants de mobilité et de vitesse caractéristiques de notre époque. Les liens sociaux et les institutions solides semblent se dissoudre, ce qui soulève des questions sur l’avenir de l’islam.

Le débat se concentre spécifiquement sur la question du droit jurisprudentiel des oulémas (érudits musulmans). Il est souligné que le droit musulman n’était pas un code de loi figé à ses origines, mais que cette conception plus rigide est plutôt le résultat de l’influence coloniale. Ainsi, dans un contexte changeant, un érudit musulman pouvait donner des réponses différentes à une même question.

“La question de l’autorité musulmane reste, si vous voulez un concept, un petit peu SDF, c’est-à-dire sans définition fixe, beaucoup en parlent sans nécessairement traduire fondamentalement de quoi de quoi il en retourne. Donc la première des choses, c’est de mettre au clair la question de la compétence, de la formation religieuse”, explique Farid El Asri.

Et d’ajouter : “On voit émerger évidemment une série d’avis qui produisent effectivement une une forme de de cacophonie sur la réalité de l’autorité. Donc qui parle le nom du référentiel religieux ? Il suffit d’aller voir sur Internet pour voir évidemment un éventail qui est très, très large, alors on peut voir évidemment des des prédicateurs improvisés, on peut voir des personnes qui sont plus ou moins avisées, on peut voir des imams qui ont leurs propres blogs.”

à lire aussi

Le podcast explore également la nécessité de créer des institutions représentatives et légitimes pour les musulmans, tant dans les pays musulmans que en Europe, où la population musulmane est en croissance. Cependant, cela pose des défis, notamment en ce qui concerne la formation des imams et des cadres religieux. L’idée de créer une classe d’intellectuels musulmans dans l’espace public, issus de divers horizons, est proposée comme une solution possible.

Pour sa part, Asma Lamrabet estime que “la jurisprudence, c’est un fossilisé au fil des siècles. Elle met la lumière sur l’effet de de l’arrivée du code Napoléon dans les pays du Maghreb alors ou de la common Law dans les pays orientaux”.

La discussion aborde également brièvement le sujet de l’autorité religieuse en islam, soulignant qu’elle a toujours été décentralisée d’une certaine manière, avec plusieurs autorités religieuses. Cependant, dans un monde liquide, cette autorité est remise en question et de nouveaux profils émergent, ce qui peut entraîner une cacophonie d’opinions et une difficulté pour les musulmans contemporains de trouver des voix légitimes et autorisées pour guider leur pratique religieuse.