Inacceptables ». C’est ainsi que le ministre italien des Affaires étrangères Antonio Tajani s’est empressé de qualifier les propos tenus par le ministre de l’Intérieur français, avant d’annoncer l’annulation d’une rencontre prévue dans la soirée avec son homologue française, la ministre des Affaires étrangères, Catherine Colonna.
Il faut dire que l’ancien maire de Tourcoing n’a pas manqué de mordant à l’égard de la gestion de la question sécuritaire par le gouvernement de Giorgia Meloni. Le ministre français s’est même fendu d’une comparaison opportuniste avec l’extrême-droite française, arguant que « Meloni, c’est comme Le Pen, elle se fait élire sur “vous allez voir ce que vous allez voir” et puis ce que l’on voit, c’est que ça ne s’arrête pas et que ça s’amplifie ».
Si Catherine Colonna a rapidement publié un message sur Twitter pour rappeler que « la relation entre l’Italie et la France est basée sur le respect mutuel, entre nos deux pays et entre leurs dirigeants », le chef de la diplomatie italienne a lui exigé des excuses provenant directement de Gérald Darmanin.
Ce n’est pas la première fois que l’enjeu migratoire infecte la relation franco-italienne depuis l’arrivée au pouvoir de la présidente du conseil en Italie. En novembre dernier, l’affaire de l’Ocean Viking avait déjà largement entamé la confiance entre les deux pays.
A l’époque, le gouvernement de Meloni avait refusé de laisser accoster le navire humanitaire faisant fi du droit international. Le navire de l’ONG SOS Méditerranée avait fini par être accueilli pour la première fois par la France, à Toulon. L’épisode avait suscité la colère de Paris, qui avait convoqué une réunion européenne pour que ce scénario inédit ne se reproduise pas.
La solidité du tandem franco-italien semble donc largement éprouvée dans un contexte qui, pourtant, nécessite la coopération des deux parties. L’essor d’un nouveau couloir maritime entre la Tunisie et la Turquie place en effet l’Europe sous une « pression migratoire accrue ».
Selon le ministère italien de l’Intérieur, plus de 36.000 personnes sont arrivées par la Méditerranée en Italie cette année, contre environ 9000 durant la même période en 2022.
Des chiffres alarmants qui avaient amené la première ministre française Élisabeth Borne à annoncer fin avril la mobilisation de 150 policiers et gendarmes « supplémentaires » dans le département des Alpes-Maritimes pour faire face aux flux migratoires à la frontière italienne.