Cet article a été réalisé indépendamment de la rédaction par TelQuel Impact.
Le dernier dauphin du Ballon d’Or France Football paraissait presque surpris au moment de découvrir le complexe Mohammed VI de football à Salé. “Je ne savais pas que l’on avait ce genre de complexe sportif en Afrique”, s’étonnait l’attaquant sénégalais Sadio Mané, de passage au Maroc en juillet, où il y avait été récompensé du trophée de meilleur joueur africain de l’année 2022.
“J’ai joué dans de grands clubs, mais je n’avais pas encore vu ça en Afrique et je pense que c’est à saluer”
Et d’ajouter : “J’ai joué dans de grands clubs, mais je n’avais pas encore vu ça en Afrique et je pense que c’est à saluer.” Cet aveu du dernier champion d’Afrique, qui s’entraîne au quotidien sur les terrains de l’ultramoderne Säbener Strasse, le centre d’entraînement du Bayern Munich, n’a rien d’anodin.
Déployé sur une trentaine d’hectares et inauguré en 2019 après cinq ans de travaux et plus d’un demi-milliard de dirhams investis, le complexe est le nouveau centre névralgique du football marocain. Mais pas seulement.
“Nous avons permis, nous permettons et nous permettrons aux équipes nationales africaines de venir au complexe, au moment qu’elles le souhaitent, pour passer des stages et profiter de l’offre de performance et des évolutions technologiques”, déclarait le président de la Fédération royale marocaine de football (FRMF) Fouzi Lekjaâ, lors de l’inauguration des lieux.
Après le grand retour au sein de sa “famille” africaine fin-janvier 2017, le Maroc caresse en parallèle l’idée de se positionner comme la maison du football africain.
Une ambition qui se voulait globale tant il a d’abord fallu “reprendre sa place légitime dans toutes les organisations continentales”, disait Fouzi Lekjâa à la veille des élections de la Confédération africaine de football (CAF), deux mois seulement après que le Royaume a retrouvé son siège au sein de l’Union africaine. Mais aussi retrouvé sa compétitivité sportive dans les différentes catégories avant de tailler au continent une part de choix dans sa stratégie.
Partenariats multiformes
Oublié donc le temps où le football national allait de désillusion en désillusion et éprouvait toutes les peines à marquer le continent de son empreinte. Sous Fouzi Lekjaâ, le Royaume a réorganisé son football, aussi bien masculin que féminin, avec des résultats sportifs au rendez-vous : deux clubs marocains se sont adjugé la Ligue des champions et la Coupe de la CAF en 2022.
De quoi mieux vanter un modèle de développement du football marocain vers l’Afrique et bel et bien tourner la page de la non-organisation de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2015, pour risque sanitaire lié à la propagation d’Ebola.
Depuis les années 2015-2016, la FRMF déploie une politique de coopération internationale avec les différentes fédérations du continent. Celle-ci prend forme autour de conventions de partenariats multiformes, coconstruites entre la FRMF et chacune des fédérations africaines. Elles sont ajustées en fonction des besoins de chaque pays.
En 2019, selon nos informations, ce sont 47 partenariats de ce type – alors que la CAF compte 54 pays membres – qui ont été nouées avec les fédérations issues des différentes sous-confédérations, et renouvelables tous les deux ans. Ces conventions brassent large et portent aussi bien sur l’accueil de stages de préparation destinés aux joueurs que sur la formation de cadres techniques et administratifs, d’arbitres et d’entraîneurs.
Ces accords peuvent concerner un accompagnement en matière de réalisation d’infrastructures sportives, en fonction des demandes faites. Ainsi, des techniciens marocains font valoir leur approche et apportent une assistance dans la réalisation de stades, la pose de pelouse ou encore en matière d’éclairage. Des projets de construction de stades de football voient ainsi le jour dans la ville de Ziniaré au Burkina Faso ou encore dans la localité de Riboque, à Sao Tomé-et-Principe.
Un exemple de coopération internationale qui peut même aller plus loin. En marge des éliminatoires de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2019, la FRMF a pris en charge les dépenses de la sélection du Malawi, confrontée à de fortes difficultés financières… et engagée dans le même groupe que les Lions de l’Atlas. Une enveloppe de 5 millions de dollars avait été débloquée pour permettre au football malawite de se restructurer.
Hôte et vitrine du football africain ?
Une coopération Sud-Sud également matérialisée au niveau sportif. D’autant que sur les dernières dates officielles prévues dans le calendrier des sélections, le Maroc s’est positionné en terre d’accueil des joutes africaines. Près d’une douzaine d’équipes du continent ont ainsi pu disputer leurs rencontres officielles ou amicales, sur les terrains de Marrakech, Tanger ou Agadir, à leur demande.
Depuis l’élection du Sud-africain Patrice Motsepe à la tête de la Confédération africaine de football (CAF), en mars 2022, l’instance du football africain demande à ce que les rencontres se jouent sur des terrains homologués et aux normes. “Le Maroc a toujours aidé et assisté de nombreux pays et ce, depuis de longues années”, a ainsi reconnu Patrice Motsepe, en déplacement au Maroc ce 11 novembre, en marge de la finale de la Ligue des champions féminine 2022 opposant l’AS FAR au Mamelodi Sundowns, remportée par les Marocaines.
La réussite, populaire et organisationnelle, de la dernière CAN féminine 2022 a conduit les instances dirigeantes du football africain à attribuer au Maroc l’accueil de la prochaine édition, en 2024
Un tournoi qui s’est déroulé au Maroc, à l’instar de la finale masculine de la Ligue des champions africaine, la Supercoupe d’Afrique, la cérémonie des CAF Awards… pour ne prendre que les plus récents événements.
La réussite, populaire et organisationnelle, de la dernière CAN féminine 2022 a conduit les instances dirigeantes du football africain à attribuer au Maroc l’accueil de la prochaine édition, en 2024. De quoi apporter un crédit de plus à un pays dont il se murmure qu’il souhaite organiser la CAN masculine de 2025. Et asseoir un peu plus le rôle d’hôte et de vitrine du football africain à laquelle il semble aspirer.
Du rectangle vert au terrain diplomatique
C’est que derrière le sportif, le Maroc est désormais une place qui compte sur l’échiquier institutionnel du football, après des années d’absence qui lui avaient été préjudiciables. En témoigne l’élection de Patrice Motsepe, abritée à Rabat.
Réelu en juillet dernier pour un troisième mandat à la tête de la FRMF, Fouzi Lekjâa siège également comme membre du comité exécutif de la CAF, mais aussi de la FIFA depuis mars 2021.
De quoi être aux avant-postes pour mieux servir les vues du Maroc, comme il nous le confiait en décembre 2019 : “Je ne suis pas à la CAF en tant que Fouzi Lekjaâ, mais en tant que représentant du Royaume. Je suis discipliné, je tiens compte des choix stratégiques de mon pays et ne suis qu’un élément d’une chaîne.”
Ainsi, en avril 2021, son activité permet d’obtenir un amendement à l’article 4 des statuts de la CAF permettant que seuls les pays “indépendants et membres de l’ONU” soient admis dans l’organisation panafricaine. De quoi exclure de facto une éventuelle équipe du Polisario à la CAF, qui a depuis adopté une carte complète du Maroc.
A l’Académie Mohammed VI de Salé, le Maroc offre :
1 Une formation des arbitres, notamment dans le domaine de la VAR que le Maroc est le seul à avoir adopté sur le continent
2 Une formation des entraîneurs du continent en vue de décrocher une licence CAF
3 Un centre d’accueil pour les sélections étrangères pour leur permettre de préparer leurs rencontres. Sur le reste du pays, le Maroc propose également d’accueillir des rencontres amicales et officielles d’autres pays du continent.