Bulletin scolaire du gouvernement, le vrai bilan d’Akhannouch

Si le Chef du gouvernement se félicite d’avoir enchaîné les réalisations, en réalité, hormis de rares succès, la moyenne générale est tout juste passable. Il peut largement mieux faire.

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Scolaire, sans doute est-ce la meilleure manière de qualifier la performance du gouvernement Akhannouch. Cela tombe bien car TelQuel a entrepris de noter les réalisations de l’Exécutif au cours de sa toute première année de gouvernance.

Pourquoi scolaire? Pour une raison évidente : l’équipe Akhannouch a semblé s’acquitter mécaniquement de sa tâche, sans faire preuve de fantaisie ni d’originalité. Handicapés par des crises en rafale, les ministres ont passé l’essentiel de leur temps à colmater des brèches.

Un an après sa nomination comme Chef du gouvernement par Mohammed VI, Aziz Akhannouch a rendu une copie laborieuse.Crédit: MAP

La crise ukrainienne, l’inflation importée, les derniers soubresauts du Covid, la sécheresse, une croissance moribonde (0,8%), ont transformé ce gouvernement en une sorte de véhicule de sapeurs-pompiers, éteignant les incendies à mesure qu’ils se déclenchent.

Si le prétexte des polycrises fournit quelques excuses à l’Exécutif, cela ne pardonne pas deux fautes essentielles. La première réside dans l’absence de souffle politique. En raison d’une communication bancale, voire inexistante, les citoyens sont bien en peine d’identifier le cap, l’horizon qui anime la team Akhannouch.

Les deux grands projets portés par le roi, la réforme de l’éducation et la refonte du système de santé, jouissent certes d’une attention particulière de la part des décideurs, mais, hormis cela, le projet général tombe à plat. Dans ses grandes lignes, l’action de ce gouvernement a consisté à expédier les affaires courantes.

Sans imagination ni enthousiasme

Alors question: Où nous emmènent ces gens au pouvoir? Vers quel projet de société tendent-ils ? De quel Maroc hériterons-nous à l’achèvement de leur mandat en 2026 ? Ce flou dans la vision est d’autant plus déplorable que le Nouveau modèle de développement, feuille de route ambitieuse pour le Maroc de 2035, a été relégué aux oubliettes. Se dégage en conséquence un sentiment de vide, ou, pire, de navigation a vue. Certes, des efforts ont été entrepris pour atténuer les contrecoups de la cherté de la vie.

Mais, trop souvent, l’intervention du gouvernement a visé les entreprises plutôt que les citoyens. En témoigne le refus catégorique du gouvernement de subventionner les prix à la pompe, ou du moins de baisser la fiscalité sur les carburants. Alors même que nombre de pays ont mis en place des boucliers contre ce type d’inflation.

Oui, l’intention prochaine d’Akhannouch de taxer les superprofits des entreprises est louable, mais on déplorera son peu d’empressement à réformer la fiscalité générale dans un esprit d’équité, conformément aux orientations des Assises de 2019.

Avec un Chef du gouvernement décidément boudeur invétéré des médias, fâché avec la parole publique, le sentiment ambiant est celui d’un Exécutif froid, taiseux, gérant l’ordre du jour sans imagination ni enthousiasme. Sans doute les années à venir donneront l’occasion à la majorité de rectifier le tir. Mais jusqu’ici la copie ne brille pas par son excellence. Loin s’en faut.

Quelques points méritent néanmoins d’être attribués pour l’effort général, mais l’ensemble demeure terne. Scolaire ni plus ni moins. Dans ce numéro, Telquel revient sur 12 dossiers essentiels sur lesquels le gouvernement a été attendu tout l’année écoulée, et l’est d’ailleurs toujours. Tout en listant ses réalisations, nous en pointons les insuffisances et, oui, les quelques ratés. Bonne lecture.

TelQuel note l’Exécutif


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